Le 24 octobre, le Centre d’innovation et de recherche pour le développement (CIRD) a célébré le soixantième anniversaire de l’intégration africaine, à l’Université Nongo Conakry (UNC). «La valorisation de l’art et du patrimoine culturel comme facteur d’intégration entre les pays africains » est le thème de cette deuxième journée de la Semaine de l’intégration africaine.
Lancée le 23 octobre par le président du Conseil national de la Transition, Dansa Kourouma, la Semaine de l’intégration africaine se déroulera jusqu’au 28 octobre à Conakry. La deuxième journée a mobilisé à l’UNC chercheurs, professeurs, étudiants, anciens ministres, hommes de culture, entre autres. Le directeur exécutif du CIRD, Amadou Oury Diallo, déclare que le patrimoine et les valeurs culturelles africains ne peuvent être jetés aux oubliettes. « Arts, culture et sports ont été des vecteurs importants de l’intégration africaine. La culture montre que nous sommes unis, que nous avons un passé à transmettre aux générations futures. »
Lucie Mbogni Nankeng, de l’université de Dschang du Cameroun, conférencière, déclare que beaucoup de choses ont été dites sur le rapatriement des œuvres d’art africaines spoliées par l’Occident, mais elle se demande comment se fera ce rapatriement sur le continent. « Il faut savoir ce que nous voulons faire avec nos patrimoines demandés à nous être restitués ou même ceux qui restent sur le continent. » La Camerounaise invite les Etats à aider la société civile à faire vivre les centres culturels africains, à organiser des rencontres culturelles entre grands groupes ethniques et grands groupes étatiques. Selon elle, la création des mouvements cutlurels autour des communautés permettra de fédérer les efforts vers une unité africaine réelle. « J’interpelle la jeunesse à prendre ses responsabilités. Beaucoup de choses sont en train d’être faites, malgré le blocage institutionnel. La jeunesse doit penser à des approches de promotion et d’accompagnement du patrimoine africain. »
« La culture, facteur de développement »
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Baïlo Téliwel Diallo,rappelle que les Ballets africains sont nés en France, sous le leadership de Kéita Fodéba. Le but était de représenter la culture et la danse africaines sur la scène internationale. « A l’indépendance, les Ballets africains deviennent les Ballets africains de Guinée, un ensemble folklorique : un peu de chaque ethnie (instruments), de chaque culture, pour un ensemble africain riche en culture. » Pour lui, la Mamaya de Kankan n’est pas que divertissement. « Je trouve en elle un projet d’ouverture au monde. Il revêt une dimension planétaire. On aurait pu croire que c’est pour Kankan, mais non. Les peuples africains sont en avance par rapport aux États en termes de considération de la culture comme un facteur de développement. On l’observe dans la façon de s’habiller, de franchir les frontières, de parler… »
L’identité peuhle
Zeïnab Koumanthio Diallo, la directrice générale du Musée du Fouta, invitée, affirme que le musée a aidé à identifier les patrimoines, les connaître, les maîtriser afin de les promouvoir. « Même si les gens doivent se déplacer, ils doivent le faire avec des éléments de leur culture. C’est cela l’intégration en matière de patrimoine culturel. » La littérature peuhle (poésie), affirme-t-elle, continue à être véhiculée à travers le monde, elle a servi aux pasteurs peuhls de maintenir les liens avec leurs frères, aussi avec les vaches, derrière lesquelles, ils voyagent.
Yaya Doumbouya