Le 1er et le 2 novembre, des gens de la société civile des quatre pays en transition en Afrique de l’Ouest : Guinée, Mali, Burkina Faso et Niger, se sont retrouvés à Cona-cris. Ils ont adressé des recommandations à ces pays en transition.
Pendant ces deux jours, ces acteurs de la société civile réunis en une organisation dénommée WADEMOS (West Africa Democratie Solidarity Network) ont échangé des expériences et réfléchi sur les défis. Histoire d’élaborer une stratégie à soumettre aux dirigeants des bleds dirigés par des putschistes, à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à la Communauté internationale, pour la réussite des transitions en cours.
De l’importance de la CEDEAO
Pour Salia Kariba Traoré, coordinateur de la Coalition pour l’observation des élections au Mali, il est important de savoir que la CEDEAO est incontournable pour l’ensemble des pays. Parce qu’elle peut jouer sa partition pour un retour à l’ordre Constitutionnel. C’est pourquoi, dit-il, la coalition Wademos œuvre pour qu’il n’y ait plus de fossé entre la CEDEAO et les Etats. « Pour Conakry, il s’agissait de faire des présentations au niveau de chaque pays en termes de plaidoyer. Une fois que ces plans d’actions seront adoptés, les organisations de la société civile que nous sommes pourront aider nos pays à sortir de cette situation. Comparativement à ce que nous avons vu, on peut dire que nous avons beaucoup d’espoir. L’objectif pour nous, c’est de pouvoir travailler sur ces chantiers pour accompagner les autorités de la transition en tant qu’organisation de la société civile, faire des propositions concrètes pour comment revenir rapidement à l’ordre Constitutionnel ».
Salia Traoré a indiqué qu’ils travaillent, afin de pouvoir créer un climat de confiance entre la CEDEAO et les Etats. « Nous comprenons le fossé, parce que quand on regarde la majeure partie de nos populations, elles ne connaissent pas le travail de la CEDEAO. L’objectif est d’amener cette organisation à mieux centrer ses actions sur les citoyens. Qu’elle soit une CEDEAO du peuple. Dans ce sens, on s’est engagé à donner des informations valables au niveau des populations en ce qui concerne la CEDEAO et également son travail. »
Priorité à la sécurité
La priorité pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger, c’est de retrouver la paix et la sécurité dans leur pays, selon Somda Assegna, chargé de programme du Centre pour la gouvernance démocratique du Burkina Faso. Il explique que les 4 pays en transition dans la CEDEAO n’ont pas exactement les mêmes problèmes. « Au Mali, Niger et au Burkina Faso, l’intervention des militaires dans l’arène politique s’est justifiée par la dégradation des questions sécuritaires, ce qui n’est pas le cas de la Guinée. Le dénominateur commun, c’est la transition, les mobiles ne sont pas les mêmes. Il y a aussi les environnements qui sont un peu différents, mais il y a beaucoup de points de similitudes ». Selon lui, pour trouver la solution, ces jours de réflexions leur ont permis d’identifier des défis communs. A savoir que ces différents bleds sont dans des processus de transition dont il faudra travailler à renouer avec les ordres constitutionnels. « Nous essayons de voir parmi les six missions assignées à la transition, la première reste le rétablissement de la sécurité, la résolution de la crise humanitaire. C’est en troisième point qu’on commence à parler de gouvernance de réforme et en 6è point le retour à l’ordre Constitutionnel. Ce qui veut dire que le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont d’abord des problèmes sécuritaires à résoudre. Parce que, qui dit élection pour assurer le retour à l’ordre Constitutionnel, suppose la campagne électorale qui conduit aux mouvements des populations. Alors que ces pays sont affectés par une grave crise humanitaire avec le déplacement massif des populations ».
Les points de similitude
Somda Assegna explique que les éléments de similitude dans les 4 pays, sont les difficultés liées au dialogue entre différents régimes de transition et les autres Forces vives de la nation. « Pour le Burkina que je connais, le troisième communiqué qui a été pris par la junte était de suspendre toutes les activités des partis politiques. Ce qui fait que nous assistons à un dialogue de sourd entre les parties prenantes au processus de transition notamment les parties qui ont adopté la charte de la transition. L’autre dénominateur commun, c’est la restriction de l’espace civique qui reste une réalité à laquelle les acteurs du jeu démocratique sont confrontés. Pour le Niger, nous attendons la situation, techniquement, ils ne sont pas encore en transition. Donc, après ces deux jours de réflexion, c’est comment faire en sorte à engager des processus de plaidoyer pour envisager une marche consensuelle dans les différents processus de transition. Je pense que cela est assez déterminant, si nous voulons que les reformes de la transition, le retour à l’ordre Constitutionnel, puissent se faire dans ces différents pays, il serait intéressant de dégager des consensus nationaux forts autour des processus de transition. Ce qui va permettre d’opérer le retour à l’ordre Constitutionnel mais aussi de donner de la pérennité des différentes reformes opérées », par ces transitions.
Tous les défis mis sur la table
Dans les recommandations, vous priorisez les questions sécuritaires alors qu’une transition ce sont les élections. N’avez-vous pas peur que les dirigeants de ces juntes se saisissent de ce bal de la société civile, pour se maintenir indéfiniment au pouvoir ? Mathias Humkpé, politologue répond non. « Nous n’avons pas priorisé la résolution des questions sécuritaires et la sécurité alimentaire. Nous avons mis sur la table, tous les défis auxquels les pays sont confrontés. L’idée, c’est de dire qu’il faut réfléchir de façon holistique, mais tout le monde sait que lorsque nous sommes en phase de transition, il faut rechercher la création de conditions raisonnables pour la tenue des élections. Je crois que tout le monde est d’accord sur le fait que les transitions ne devraient pas durer de façon exagérée. Ce qui s’est passé lors de la rencontre, c’est mettre sur la table les différents défis auxquels il faut faire attention dans la conduite de la transition. »
A savoir, si les juntes sont prêtes à organiser des élections, pour un retour « rapide » à l’ordre constitutionnel.
Ibn Adama