Dans la soirée du 7 janvier, le gouvernement a annoncé l’arrêt des cours dans les écoles, tous niveaux confondus. Officiellement, la décision est liée à la difficulté des usagers de la route à se procurer du carburant. Officieusement, elle cacherait une crainte de débordements.
Une semaine seulement après l’ouverture des classes, les élèves repartent encore en congé ‘’forcé’’, de ce lundi « 08 au 14 janvier 2024, inclusivement ». Ainsi en ont décidé les autorités. Elles se sont rendues à l’évidence qu’il était impossible pour les élèves, les étudiants et leurs maîtres de rallier les classes. Tant à Conakry que dans les grandes villes de l’intérieur, il est difficile de se déplacer. La crise du carburant est telle que les stations-services qui osent ouvrir sont noires de monde. Le reste, en majorité, est fermé, laissant bien des usagers sans solution. Selon le communiqué du gouvernement, la décision de fermer les écoles est prise pour « la bonne exécution du plan de gestion de la crise ».
En fin de semaine dernière, a circulé une rumeur selon laquelle les autorités s’apprêtent à revoir à la hausse le prix des produits pétroliers à la pompe. Une façon pour elles de combler les pertes liées à l’incendie du dépôt de Kaloum ? Faux, selon le gouvernement qui appelle les Guinéens à la patience : « Nous rappelons que le prix du litre de gasoil et de l’essence reste maintenu à douze milles francs guinéens (12 000 GNF) sur toute l’étendue du territoire national. Peuple de Guinée, nous vivons un évènement sans précédent. L’incendie a été contenu grâce au dévouement de nos services spécialisés, à l’appui des pays amis et surtout à la solidarité nationale. La gestion du post incendie requiert la compréhension et la patience de tous ».
Si la crise du carburant est la principale raison de ce nouveau congé, il se murmure dans la cité que le gouvernement a voulu juste anticiper les rumeurs selon lesquelles des manifestations se profileraient à maints endroits de Conakry. Des jeunes excédés par les restrictions des médias et des réseaux sociaux envisageraient de se faire entendre ce lundi. Pour éviter donc toute collusion entre élèves qui ne feraient pas cours et les manifestants, les autorités ont donc opté pour la fermeture. Mais cela n’a pas empêché les troubles. Depuis la nuit du dimanche, des quartiers de Conakry comme Wanindara, Bomboly, Hamdallaye, notamment, sont en proies à des échauffourées.
Pour juguler la crise, les responsables de la Société nationale de pétrole, SONAP, mettent une dizaine de stations en service « 7 jours sur 7». Celles-ci se trouvent sur l’autoroute Fidel Castro et sur la Corniche Nord. Aucune sur l’autoroute Leprince, sans raisons invoquées.
Yacine Diallo