Auteur d’une enquête sur une affaire de corruption au sein des forces armées du Malawi, Gregory Gondwe a fui le pays le 2 février après avoir reçu une alerte concernant une potentielle arrestation. Près d’un mois plus tard, alors que le journaliste souhaite rentrer dans son pays, Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités de lui donner des garanties de sécurité et d’assurer sa protection sur le territoire.
Au Malawi, enquêter sur la corruption peut avoir de lourdes conséquences. Le directeur du site d’information Platform for Investigative Journalism Gregory Gondwe en sait quelque chose.
Fin janvier, ce journaliste d’investigation révèle une affaire de corruption entre les forces de défense du pays et un homme d’affaires britannique né au Malawi. Quelques heures après la publication de l’enquête, un indicateur informe le journaliste d’un risque élevé d’arrestation car les autorités du Malawi veulent connaître la source à l’origine de la fuite.
Gregory Gondwe passe alors dans la clandestinité et décide de rejoindre discrètement l’Afrique du Sud le 2 février. Deux jours plus tard, il reçoit un message intimidant du Commandant des forces de défense du Malawi, Valentino Phiri, manifestement informé de son départ du pays puisqu’il lui souhaite de « profiter de l’Afrique du Sud ». Sollicité par RSF, Valentino Phiri n’a pas répondu aux demandes de contact.
« Aucun journaliste ne devrait être inquiété pour avoir divulgué une affaire de corruption au sein de l’armée. Gregory Gondwe a fait son travail en publiant une enquête sérieuse d’intérêt public, à l’aide d’une source qui doit être protégée à tout prix. RSF s’inquiète de la situation de ce journaliste, qui a préféré fuir son pays face aux risques grandissants pour sa sécurité, et demande aux autorités d’assurer sa protection, afin qu’il puisse rentrer chez lui et continuer à remplir sa mission d’information librement », a déclaré Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.
Plus de trois semaines après sa fuite, Gregory Gondwe ne peut toujours pas rentrer dans son pays. Le commandement des forces de défense du Malawi a de son côté intensifié ses efforts pour trouver la source du journaliste : les téléphones de plusieurs officiers ont été confisqués et inspectés.
En avril 2022, Gregory Gondwe avait déjà été arrêté par les forces de l’ordre, qui lui demandaient de révéler l’identité d’une source, en lien avec une enquête portant sur le procureur général du pays, Thabo Chakaka Nyirenda. Ce dernier n’a pas répondu aux sollicitations téléphoniques de RSF.
Le Malawi occupe la 82e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2023 par RSF.
Reporters Sans Frontières