Une nuit de pluie a suffi pour transformer le quartier de Banankoroda, à Kankan, en une crue. Dimanche 28 avril, les habitants, réveillés les pieds dans l’eau, n’ont pas tardé à pointer du doigt la société Guiter SA, chargée des travaux routiers dans la région.
Yara Sanon, résidente du quartier, ne cache pas son désarroi : « Je me suis réveillée dans l’eau ce matin. Je suis ici chez mon mari depuis exactement 45 ans, mais nous n’avions jamais été victimes d’inondations. Maintenant, chaque fois qu’il pleut, nous devons prendre des calebasses et des bols pour évacuer l’eau. Nous souffrons. Les travaux ont été mal exécutés par Guiter. » Des propos recueillis par l’Agence guinéenne de presse.
Une autre victime, Lamine Kaba, souligne que depuis le début des travaux, ils essayent d’attirer l’attention des travailleurs de Guiter sur les risques d’inondation, sans qu’ils ne soient écoutés : « Nous nous sommes réveillés ce matin et nous avons vu de l’eau chez nous. C’est causé par les travaux de la société Guiter. En travaillant, ils ne tiennent compte que du goudron qu’ils mettent et l’eau inonde nos concessions. Ils ne s’intéressent pas à cela. »
Aminata Keita invite le président de la transition, Mamadi Doumbouya, à secourir sa ville natale : « Ce que nous pouvons dire au président, c’est de se rappeler que Banankoroda, son quartier, est sous l’eau. Nous avons apprécié la route mais nous sommes maintenant dans l’eau. Les travaux n’ont pas été bien faits par la société exécutante. »
Guiter SA se défend
Moussa Camara, responsable des affaires extérieures et des relations communautaires de Guiter S.A accusée d’être responsable de l’inondation survenue, a réagi ce lundi 29 avril. Il parle d’allégations. Il dit comprendre la colère de la population, mais assure que les travaux ont été exécutés dans les règles de l’art. « Les travaux que nous menons à Banankoroda sont réalisés conformément aux normes dictées par le cahier des charges. Ce ne sont en aucun cas des décisions unilatérales de l’entreprise Guiter. Nous suivons les normes de la CEDEAO en matière de voiries urbaines. Notre objectif est de construire des routes qui ne soient pas submergées par les eaux. Si nous posons des revêtements bitumineux et qu’ils se retrouvent sous l’eau, cela signifierait que le travail a été mal exécuté ». Comme c’est le cas actuellement ?
Moussa Camara soutient que la longévité des infrastructures dépend de la qualité et des normes définies par le cahier des charges. « Les travaux ont été approuvés par la mission de contrôle chargée de superviser l’exécution des travaux effectués par Guiter », rassure-t-il. Selon lui, il est essentiel que les riverains comprennent que le travail en cours est réalisé pour eux, pas contre eux. Il estime que ces derniers doivent « accepter d’accompagner le projet dans leur propre intérêt.» Y compris en se noyant ?
Abdoulaye Bah