En marge de la 11e édition de l’Africa CEO Forum 2024 (grand rendez-vous du secteur privé africain), organisée cette année à Kigali (Rwanda), le Premier ministre a accordé une interview à TV5 Monde. Amadou Oury Bah réitère que le retour à l’ordre constitutionnel, comme cela avait été acté dans un accord avec la Cedeao, n’aura pas lieu à la date indiquée.

C’est une sortie médiatique qui vient clore le débat quant au respect de l’accord dynamique de 24 mois de transition, conclu en octobre 2022 entre Mamadi Doumbouya et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Le Premier ministre guinéen, chez nos confrères de TV5 Monde, enterre définitivement l’espoir de ceux qui croyaient encore à un miraculeux retour à l’ordre constitutionnel fin 2024.

Bah Oury, en verve depuis qu’il a pris les commandes de la Primature, justifie sa posture par le retard accusé dans l’exécution du chronogramme convenu entre la junte et la Cedeao: « Le calendrier pour le retour à l’ordre constitutionnel, tel qu’il a été défini, ne sera pas respecté. Initialement, la fin de la transition, c’était à la fin de cette année. Mais cette année, ce qui pourra être organisé, c’est le référendum constitutionnel. » L’accord précisait : « Dans un compromis dynamique, les experts de la Cedeao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur vingt-quatre mois. » Le décompte commençait à courir au plus tard le 1er janvier 2023. Et donc s’achever, normalement, le 31 décembre 2024.

Prolongation jusqu’en 2025

En recevant des acteurs de la classe politique, Bah Oury avait déjà plaidé ses hôtes d’accepter une prolongation de la transition jusqu’en 2025. Comme l’avait insinué le général Mamadi Doumbouya dans son adresse à la nation du 31 décembre 2023, seul le référendum constitutionnel pourrait se tenir cette année. « Il y a eu un retard par rapport à l’agenda pour la réalisation des dix points du chronogramme. Nous assumons ce retard-là. Nous sommes en train de nous activer afin que, comme le président Mamadi Doumbouya l’a déclaré le 31 décembre dernier, le référendum constitutionnel puisse se tenir à la fin de cette année. Nous ne pourrons pas nous permettre de jouer avec l’intérêt du pays, sa stabilité et la paix. A partir du moment où nous aurons le fichier électoral consolidé, l’organisation du référendum, le reste sera une question de calendrier. »

Pour ce qui est des élections locales, législatives et la présidentielle, le Premier ministre promet qu’un dialogue entre acteurs concernés déterminera la suite : « Cela fera l’objet d’une concertation dans le respect des termes réglementaires. Ce qui est le plus important, c’est le fichier électoral. Par la suite, le premier test, c’est le référendum constitutionnel. Après ça, tout le reste deviendra très facile. »

A voir la réalité du terrain, l’on est tenté d’affirmer que même l’adoption de la nouvelle constitution cette année n’est pas gagnée. Les autorités comptent sur un fichier électoral résultant du Recensement administratif à vocation d’état-civil (RAVEC). Sauf que le processus d’établissement du RAVEC peine à véritablement démarrer. Et avec la saison des pluies qui s’annonce, la tâche s’annonce davantage plus ardue. L’avant-projet de nouvelle Constitution n’est toujours pas publié. A en croire le président du Conseil national de la transition, Dansa Kourouma, cela devait intervenir depuis mars dernier. Deux mois plus tard, la publication semble reportée aux calendes grecques.  

Yacine Diallo