Le militant «panafricaniste» Kemi Seba, connu pour ses accusations répétées contre la politique «coloniale» que la France mène selon lui en Afrique, n’a plus la nationalité française. Il n’avait déjà plus de passeport français depuis qu’il l’avait brûlé en public, lors d’une conférence de presse à Fleury-Mérogis au mois de mars.

Cette fois, c’est un décret du 8 juillet paru au journal officiel qui vient retirer définitivement à l’activiste sa nationalité : «M. Stellio Gilles Robert Capo Chichi est déclaré avoir perdu la nationalité française», peut-on simplement lire.

La procédure de retrait de la nationalité, distincte de la déchéance de nationalité qui peut notamment être décidée à la suite de certains crimes ou délits, est uniquement une procédure administrative. Elle peut être déclenchée par le gouvernement contre une personne qui réunit les trois conditions suivantes : avoir la nationalité d’un autre État, se comporter comme un citoyen de cet État et avoir commis des actes contraires aux intérêts de la France. La décision est prise par décret, sur avis conforme du Conseil d’État.

Résident du Bénin depuis 2017

Français de naissance, Stellio Capo Chichi était né en 1981 à Strasbourg de deux parents français et possède également la nationalité béninoise. Les autorités françaises le considèrent comme un agent de l’étranger, et lui reprochent ses nombreux propos «hostiles à la France et aux intérêts français en Afrique».

Lorsque Le Figaro lui avait consacré un portrait, celui qui se fait appeler Kemi Seba avait déclaré que le retrait de la nationalité française serait sans effet sur sa vie quotidienne. Il a quitté la France pour le Sénégal en 2011, et réside désormais au Bénin depuis 2017, avec sa femme et ses enfants. Il précise ne plus bénéficier d’une assurance sociale en France depuis «dix ou quinze ans». Il affirmait en outre ne plus se servir de son passeport français que pour un quart environ de ses déplacements à l’étranger, principalement lorsqu’il se rend dans les territoires français d’outre mer ; autrement, il se sert de son passeport béninois, ou encore d’un troisième passeport dont il a refusé de préciser la nationalité. «La plupart de mes voyages se font en Afrique, Europe de l’Est, Moyen-Orient…», commentait-il.

Condamné à 6 mois de prison, dont 2 mois fermes

Les autorités françaises reprochaient encore à Kemi Seba plusieurs saillies antisémites. La première polémique concerne un mouvement de défense du peuple noir qu’il a créé en France, la «Tribu K», connu pour avoir défilé rue des Rosiers à Paris en 2006 et avoir voulu affronter la Ligue de défense juive et l’organisation de jeunesse juive Bétar. La Tribu K a été dissoute en 2006.

Kemi Seba a également été condamné en 2008 à six mois de prison dont deux fermes, pour des propos tenus en août 2006 au sujet de l’action de la banque mondiale en Afrique, coupable selon lui d’asphyxier les peuples africains «au point qu’à côté de ça, même Auschwitz peut être considéré comme un paradis». Des propos qu’il assume aujourd’hui encore : «c’était une figure de style provocatrice, ma stratégie c’est de créer le débat».

LeFigaro