Le 25 juillet, les porte-voix de la Présidence et du goubernement étaient sur la braise. Au
porte-parolat du goubernement à Kaloum, Amara Cas-marrant et Ousmane, l’ex Gawa de
l’UFDG, ont asséné des coups contre les avocats (sans vinaigrette) français des disparus,
Foniké Menguè et Billo Bah.
Depuis le 9 juillet et l’enlèvement d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo
Bah, respectivement coordinateur national et responsable des antennes et de la mobilisation
du FNDC, les autorités de la transition s’étaient murées dans un silence assourdissant.
Accusées d’être derrière l’interpellation musclée et la détention au secret des deux activistes,
elles se contentaient du communiqué laconique du pro-crieur gênant près la Cour d’appel de
Cona-crime affirmant ne rien connaître du rapt. Mais depuis la plainte en France des épouses
des deux otages contre le chef de la junte, Mamadi Doum-bouillant, son ministre de la
Dépense, Aboubacar Sidiki Cas-marrant et son Haut-Commandant de la gendarmerie, Balla
Samouraï pour ‘’disparition forcée’’, le Palais Mohammed V bouillonne. Le CNRD et son
goubernement font feu de tout bois, pour faire croire à l’opinion nationale et à la
Communauté internationale qu’ils ne sont en aucun cas derrière l’enlèvement des deux
activistes. Quel exercice difficile !
Dans un point de stress auquel ils ont convié des journaleux pratiquement triés sur le volet, les
porte-voix des deux entités, loin de digérer les accusations portées contre leur mentor, se sont
évertués à faire passer la plainte pour une manipulation venant d’une entité qui cherche à
nuire à la transition : «C’est une campagne de discrédit sauvage de nature à diaboliser le
processus de transition en cours. A entendre les promoteurs de cela, on pourrait croire que
notre pays est à feu et à sang. Alors que rien n’en est…C’est une simple volonté de peindre en
noir les marches glorieuses de notre patrie à la recherche du bien-être pour tous. Il est évident
que les réformes actuelles, structurelles et transformationnelles dans notre pays font peur à
ceux qui ont choisi la crise », déclare le porte-voix du goubernement.
L’ex Gawa de l’UFDG répond aux avocats français des épouses de Foniké Menguè et de Billo Bah. Il estime que ces déclarations peuvent même valoir aux avocats (sans vinaigrette) des plaignantes, notamment
Me Vincent Brengarth, des poursuites judiciaires : « Du point de vue de son métier d’avocat,
cela devrait inquiéter ses confrères de notre pays. Que des personnes s’inquiètent ou portent
plainte au profit des citoyens qui les ont saisis, c’est légitime. Mais qu’il (avocat) parte
jusqu’à accuser le Chef de l’Etat, le Haut commandant de la gendarmerie et le ministre de la
Défense, c’est une déclaration très grave et qui pourrait avoir des conséquences judiciaires y
compris pour lui. On ne peut pas accepter tout…» Ousmane Gawa Diallo encourage d’ailleurs
la justice guinée-haine à déclencher une procédure judiciaire contre leur con(.)frère français
qui, selon lui, travaillerait pour l’opposition : « Nous savons pour qui il (Vincent Bringard)
travaille. J’ai été porte-parole de l’opposition, je sais pour quelle faction il travaille. Donc,
qu’il soit très mesuré. Ils croient que c’est le moment propice pour jeter du discrédit sur la
transition, mais ils perdent leur temps… Cet avocat fait tout sauf défendre la vérité. Ses
accusations sont extrêmement graves, et j’espère que les juges de notre pays vont vérifier tout
ça pour voir quelles sont les démarches judiciaires à enclencher.»
Disparition volontaire ?
Ousmane Gawa Diallo rejette l’accusation selon laquelle l’interpellation des deux activistes
est l’œuvre des Forces spéciales et du GIGN, mais insinue désormais que Foniké Menguè et
Billo Bah pourraient avoir décidé de disparaître volontairement : « Le procureur général a été
explicite. A mon avis, il a été clair, il a dit non seulement que ces personnes ne sont pas
arrêtées, mais demande à tous ceux qui ont des informations de les aider, parce que la justice
travaille à les retrouver…Il y a un fait que nous devons aussi comprendre, les adultes ont le
droit de disparaître aussi volontairement, c’est un droit. Vous n’êtes pas à la maison, on n’a
pas le droit de vous chercher, sauf s’il y a une requête judiciaire. Même si on les retrouve,
s’ils ne veulent pas qu’on dise où ils sont, c’est leur droit, on ne le dira pas.»
Quid du référendum ?
Le Chef de la junte, dans son laïus de nouvel an, avait promis d’organiser le référendum
constitutionnel avant la fin 2024. Il se murmure qu’après des mois de léthargie, le Conseil
national de la transition hâterait maintenant les pas, en entamant la première lecture de la
mouture de la future ex-nouvelle Constitution. Mais à entendre le porte-voix du
goubernement, on n’est plus sûr de la tenue de ce référen-drôle cette année : « Le référendum,
est-ce qu’on a les moyens ? Dans le calendrier officiel, nous travaillons pour que le
référendum se tienne en fin d’année. Mais de toutes les façons, un calendrier, c’est une
projection, d’autres faits peuvent faire que ça ne se réalise pas. »
Amara Cas-marrant, le ministre secrétaire gênant de la Présidence d’enfoncer le clou : « La
date du 31 décembre 2024 est effectivement mentionnée, mais la phrase qui précède cette date
dit ‘’avec la CEDEAO dans un compromis dynamique’’, cette phrase n’intéresse personne. Ça
voudrait dire qu’à chaque étape, à chaque phase, avec la CEDEAO, on va s’asseoir pour faire
des réévaluations, pour ajuster le curseur. Mais cette phrase n’intéresse personne. »
Parlant des médias fermés depuis des mois, le ministre secrétaire gênant à la Présidence
assume. Il invite les patrons de presse à se tourner vers la justice. Cette même justice qui est
incapable de retrouver Foniké Menguè et Billo Bah.
Yacine Diallo