En séjour aux Etats-Unis d’Amérique pour la convention du parti Démocrate, Cellou Dalein Diallo a tenu un meeting, le 20 août dans la ville de Chicago. Devant des militants acquis à sa cause, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, UFDG, a décoché des flèches contre la junte militaire et réaffirmé sa détermination à conquérir le pouvoir.

 Il se fait désormais discret et ne prend pratiquement la parole que pendant ses rares déplacements à l’étranger. Cellou Dalein Diallo était l’hôte de la fédération UFDG du Midwest. Il s’est exprimé sur la gestion de la transition, les velléités de la junte de s’éterniser au pouvoir ou encore la disparition des activistes, Foniké Menguè et Billo Bah. Il n’avait pas hésité à soutenir le CNRD aux premières heures du coup de force du 5 septembre 2021. Désormais, l’opposant estime que les militaires ont violé leurs propres engagements : « La junte avait juré, à la prise du pouvoir, de mettre fin à l’instrumentalisation de la justice, au dysfonctionnement des institutions, au piétinement des droits et libertés des Guinéens. Elle avait dit et inscrit même dans la Charte : aucune situation d’exception ne peut justifier la violation des droits humains. Aujourd’hui, on a 55 morts, des gens qui ont été abattus et qui n’ont eu droit à la moindre enquête, à la moindre justice. 55 jeunes, la plupart avaient moins de 20 ans, ils n’ont pas eu droit à la compassion des autorités. Le CNRD s’était engagé devant la CEDEAO et la communauté internationale à organiser des élections avant le 31 décembre (2024). Ils avaient dit qu’ils n’allaient pas faire un seul jour de plus au pouvoir. Le Président avait dit, je le cite : ‘’Ni moi ni aucun membre du CNRD, aucun membre du gouvernement, aucun membre du CNT ne serait candidat à l’élection présidentielle’’. Aujourd’hui, ils veulent remettre cela aussi en cause. La légitimité, le soutien qu’on leur a apporté était sur la base du discours et du serment. Dès lors qu’ils renoncent à ces engagements, ils ne doivent plus bénéficier de notre soutien », a déclaré l’opposant.

Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah du FDNC, enlevés le 9 juillet dernier, ne donnent toujours pas signe de vie. Les autorités de la transition jurent ne pas être derrière leur disparition. Cellou Dalein Diallo refuse de croire à cette thèse : « Aujourd’hui, je suis plus déterminé à continuer le combat… Il ne faut pas qu’on continue de piétiner nos droits et libertés. Aujourd’hui, personne ne sait ce que Foniké Menguè et Billo Bah sont devenus. L’État, dans tous ses compartiments, dit qu’il n’est pas au courant de leur situation. Or, ils étaient dans une dynamique de préparer des manifestations. Qui avait intérêt à les arrêter ? »

Cellou Dalein, aujourd’hui en exil, avoue avoir commis des erreurs dans la conquête du pouvoir. Il promet de tirer les leçons du passé pour éviter de tomber dans d’autres pièges : « Nous tirons les leçons de tous les échecs, nous réfléchissons sur comment éviter les erreurs du passé. Des erreurs, il y en a eu, parce qu’on a cru parfois naïvement que les hommes étaient de bonne foi. Il ne faut plus commettre d’erreurs. Certes, l’erreur est humaine, mais dans la conquête du pouvoir en Guinée, il faut qu’on change de méthode. Il y a un système qui bloque tout, il ne faut pas croire aux gens sur parole. La parole donnée n’a pas de sens, le contrat, le serment n’ont aucun sens. Ils disent des choses pour tromper le peuple. »

Alors que des responsables de son parti dit qu’il va « bientôt » regagner le bercail, le Président de l’Union des forces démocratiques de Guinée n’en a rien dit. Idem, à propos de ses ennuis judiciaires.

Yacine Diallo