L’Etat guinéen et ses partenaires techniques et financiers (PTS), des professionnels et acteurs de la santé, des gouverneurs et préfets mettent en avant le pilier santé communautaire, afin de réaliser la couverture sanitaire universitaire.
Du 24 au 26 avril s’est déroulé à Conakry le Forum national consultatif sur la santé communautaire. Panels, présentations, débats ont ponctué la rencontre. Le Forum national sur la santé communautaire a été organisé par le ministère de la Santé et de l’hygiène publique avec celui de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Etaient présents, des PTS, diplomates et représentants d’institutions internationales, des pays invités : Burkina Faso, Niger, Bénin et Rwanda. Le ministre des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, le représentant du Premier ministre Amadou Oury Bah, a lancé le Forum dont le thème est : «Renforcer la santé communautaire pour l’atteinte de la couverture sanitaire universelle en Guinée.»
La santé communautaire « revêt une importance capitale » dans le système sanitaire guinéen. On y fourni des services de promotion, de prévention, de surveillance et des soins curatifs et réadaptatifs aux communautés.
Le ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Oumar Diouhé Bah, déclare que son département poursuit des réformes pour renforcer le système de santé, améliorer la couverture sanitaire pour le bien-être du peuple. Objectif? Atteindre la couverture sanitaire universelle en Guinée. «La santé communautaire est l’une des stratégies prioritaires de notre département. Il est important que tous les initiatives et soutiens soient coordonnés, alignés et harmonisés afin de favoriser l’accès au plus grand nombre de personnes à des soins de qualité. D’après les études, 80% des problèmes sanitaires doivent être résolus au niveau communautaire », explique-t-il. Selon lui, la santé primaire et communautaire garantit « des soins complets », de la prévention au traitement, de la réadaptation aux soins palliatifs. « La santé ne doit pas être vue comme des dépenses engagées, mais comme un investissement à court et à moyen qui pourrait produire des effets permettant d’aller vers un développement durable.»
Le gouvernement s’engage
Morissanda Kouyaté, le ministre des Affaires étrangères, représentant le Premier ministre Amadou Oury Bah : «La santé est une chose très sérieuse pour ne pas la laisser dans les seules mains des professionnels, toute la communauté doit agir. Le Forum interpelle tous à réitérer les engagements pour la conquête de la santé en générale et celle communautaire en particulier. Les grands hôpitaux et les polycliniques sont les bienvenus, mais l’objectif est de faire en sorte que peu de malades arrivent dans ces hôpitaux.» Morissanda Kouyaté assure que le gouvernement «fera tout ce qui est en son pouvoir » pour la mise en œuvre des recommandations.
Pandémies, maladies…
A peine sorti de la pandémie Covid-19, la Guinée fait face à des épidémies et maladies «évitables par la vaccination: la polio, la diphtérie, la fièvre jaune, la coqueluche, la rougeole. Dans ce contexte, la revitalisation de la santé communautaire demeure un impératif pour tous les acteurs du système de santé », affirme Jean-Marie Kipéla, le représentant Pays de l’Organisation mondiale de la santé en Guinée et porte-parole des PTS.
En Guinée, la santé communautaire a été lancée en 2018. Les Relais communautaires (RECO) et les Agents de santé communautaire (ASC), principaux acteurs, sont chargés d’offrir directement des services essentiels aux communautés. «Au début, ces services n’étaient accessibles qu’à 40 communes de convergence (financement de l’Unicef). Actuellement, grâce à l’appui du Fonds mondial, de Gavi, de l’USAID, de la Banque mondiale et d’autres partenaires, 258 communes sur 362 (soit 71% des communes) bénéficient des services des RECO et ASC. Ce qui permet à un grand nombre de Guinéens d’accéder à des soins essentiels au niveau communautaire.»
Des défis
Parmi les défis, la dépendance de la santé communautaire du financement des PTF, la faible accessibilité aux soins de santé d’une partie de la population (en zones rurales), l’insuffisance d’infrastructures de santé et de ressources humaines, le déficit de sensibilisation et de formation. Mais, ces défis « sont à portée de main. Il suffit que chaque acteur joue pleinement son rôle », exhorte Jean-Marie Kipéla.
Recommandations
A l’issue de trois jours de travaux, un paquet de recommandations a été fait : mettre en place un fonds pour la santé communautaire, évaluer annuellement la santé communautaire, définir des actions concrètes de transfert des compétences, mettre en place un comité de suivi des recommandations par un arrêté ministériel. «Opérationnaliser la fonction publique locale, intégrer les activités de la santé communautaire dans des plans de développement local et dans des plans d’investissement annuel, transférer aux collectivités les fonds de l’Etat alloués au financement de la santé communautaire », font partie de la vingtaine des recommandions.
Yaya Doumbouya