Après une pause de plusieurs semaines, les assemblées générales hebdomadaires du Mouvement Démocratique Libéral (MoDel) ont repris samedi 5 octobre, au siège national du parti à Nongo (Conakry). L’ordre du jour ? Analyse de la situation du parti, discussion sur l’actualité socioéconomique du pays et détention des leaders du FNDC.

La rencontre a mis l’accent sur la célébration du 66ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée, l’éventuelle candidature du président de la transition à l’élection présidentielle et la démonstration de force de l’armée guinéenne lors du défilé du 2 octobre. Aliou Bah, président du MoDel, absent, l’assemblée générale a été présidée par Mamadou Lamarana Barry, vice-président du parti. Il a salué la commémoration de l’indépendance de la Guinée, soulignant son importance dans la mémoire collective. «Quand on parle d’indépendance, on parle de liberté et d’autonomie. Nous nous réjouissons des efforts de nos devanciers qui nous ont sortis de la colonisation», a-t-il déclaré. Pour lui, malgré les défis, la Guinée est sur la bonne voie. Le MoDel reste déterminé à contribuer au développement de la Guinée.

Mamadou Kenda Sow, le secrétaire général du MoDel, a adopté une position plus nuancée quant à cette célébration. Selon lui, l’indépendance doit rester un événement national, non être récupérée à des fins personnelles. «Cette fête ne doit pas être sous la coupe de quelqu’un. Tous les Guinéens doivent en être fiers», a-t-il souligné, rejetant toute instrumentalisation politique des festivités.

Inquiétudes

Le MoDel s’est penché sur la question cruciale des velléités de candidature du président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, à la prochaine élection présidentielle. Kenda Sow a exprimé ses inquiétudes sur cette possibilité : «Même si tout laisse à croire que cette candidature pourrait être envisagée, il faut encore attendre une déclaration officielle. Toutefois, si cela arrive, les Guinéens devront se préparer à mener un combat démocratique, pour empêcher une telle éventualité». Le secrétaire général a insisté sur la nécessité de clarifier les textes juridiques, notamment l’avant-projet de nouvelle Constitution, pour lever toute ambiguïté à propos de la candidature des militaires au pouvoir. «Il faut que ce soit clair dans les textes, comme cela a été fait dans la Charte de la transition», a-t-il martelé.

Le parti s’inquiète des dérives potentielles dans la gestion de la transition. Moïse Diawara, président du bureau national de la jeunesse du MoDel, a mis en avant la nécessité de remobiliser la base militante du parti, afin de contrer ce qu’il appelle les «plans machiavéliques» du pouvoir. Pour lui, le MoDel doit s’organiser et sensibiliser les citoyens : «Il suffit juste qu’on se mobilise et qu’on se prépare. Nous avons un adversaire qui n’est pas aussi coriace qu’il n’y paraît», a-t-il affirmé, tout en critiquant le revirement du président de la transition, qu’il accuse de «recycler le système» qu’il avait promis de réformer.

Diawara a profité de la rencontre pour s’en prendre à Sidya Touré, président de l’UFR, en qualifiant ce dernier de «vieillard qui n’a rien à offrir», après sa sortie où il dit qu’il ne s’opposerait pas à la candidature du Général Doumbouya.

Quid des leaders détenus du FNDC ?

La détention secrète d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè et de Mamadou Billo Bah, du Front national pour la défense de la Constitution, FNDC, a été également abordée. Mamadou Kenda Sow milite pour une action pacifique,  appelant à une prise de position plus active : «Nous devons agir comme si c’était l’un des nôtres qui était détenu. Les dénonciations ne suffisent plus. Il est regrettable que nous soyons dans un État qui kidnappe des citoyens sans en assumer la responsabilité. Tout le monde est d’accord que ce sont des hommes en uniforme qui sont venus les kidnapper et jusqu’à présent, on n’a aucune nouvelle d’eux. Ce qui fait plus mal, c’est quand ces mêmes autorités viennent nous dire qu’elles sont en train de faire des enquêtes, pour les retrouver alors qu’elles savent où ils sont détenus ».

Le MoDel se positionne comme une force politique critique face aux actions des autorités de la transition. Pour le parti, la mobilisation et l’action pacifique restent les armes les plus efficaces pour défendre les valeurs démocratiques et lutter contre les tentatives de confiscation du pouvoir par la junte.

Abdoulaye Pellel Bah