Perdue de vue depuis quatre mois, le corps de Mabinty Camara, âgée de 18 ans, a été retrouvé le 7 octobre au quartier Hermakono, dans la commune de Matam. La famille éplorée indexe le voisinage.
La jeune fille serait morte suite à un avortement. Ensuite, son corps a été déposé à la mosquée du quartier. La tante et homonyme de Mabinty Camara, qui l’a adoptée depuis qu’elle a 1 an et sept mois, est inconsolable. Elle revient sur les circonstances dans lesquelles le corps a été retrouvé, tout en pointant du doigt au passage la responsabilité de sa voisine.
« Un jour, Mabinty m’a laissé au marché pour revenir faire la cuisine. A mon retour, je n’ai trouvé que les condiments à la maison. J’ai demandé après elle, mais personne n’a déclaré l’avoir vue. Pour moi, elle était allée à la pompe. Quand j’ai demandé à ma voisine Doussou, elle m’a répondu qu’elle était là il y a un moment, mais j’ai regardé partout je ne l’ai pas vue », explique la tante, inconsolable et qui n’a pas fermé l’œil les premières nuits de la disparition de sa nièce.
Durant quatre mois, les recherches se poursuivent sans trouver trace de la jeune Mabinty. « Je passe et repasse devant chez dame Doussou, mais elle m’a toujours consolée en me disant de rester calme et que tôt ou tard ma fille va revenir, alors qu’elle la séquestrait dans sa maison », nous a-t-elle confié en sanglotant.
« Un jour, de passage, Doussou m’a interpellée en me disant qu’il y a une de ses filles qui saigne, qu’elle est vraiment inquiète, poursuit la tante. Sans savoir que c’est ma fille qui se vidait de son sang, je lui ai proposé de l’envoyer d’urgence au village pour un traitement à l’indigénat ou de chercher des comprimés Amoxicilline pour les lui donner. Puis, j’ai continué au marché. Arrivée, mon téléphone sonne. Au bout du fil, on m’informe que ma fille a été retrouvée. Je prends un déplacement et je viens trouver ma maison remplie de monde en larmes. On me dit que le corps de ma fille est couché à la mosquée et que c’est dans la maison de ma voisine Doussou qu’il est sorti ».
L’imam aurait déclaré que le corps de Mabinty a été déposé à la mosquée par « le fils ainé de ma voisine, en disant que c’est un malade venu de leur village qui est mort ». Mis au courant de la funeste nouvelle, le chef de quartier Hermakono a, à son tour, informé le commissariat de Bonfi de l’affaire. Le corps a finalement été transféré au CHU de Donka pour autopsie. « C’est au commissariat de Bonfi que j’apprends que ma fille était enceinte de cinq mois et que c’est la fille de ma voisine Doussou qui lui aurait remis des comprimés pour avorter ».
Pour l’heure, trois personnes ont été arrêtées dont Amara, auteur présumé de la grossesse, sa sœur Aminata, qui aurait fourni les comprimés pour l’avortement et le frère ainé qui a déposé le corps de Mabinty à la mosquée.
L’affaire a été déférée au tribunal de première instance de Mafanco.
Kadiatou Diallo