Le moins que l’on puisse dire est que Mandian Sidibé n’a pas rendu service aux médecins qui ont dû batailler dur pour obtenir son évacuation dans une structure sanitaire de la place. Arguant que son état de santé nécessitait son départ provisoire de la Maison centrale vers une clinique médicale. Et pour cause, une véritable maladie, qu’elle soit physique ou mentale, empêche le malade d’avoir la lucidité nécessaire pour pouvoir écrire correctement.
Dans un post publié sur Facebook, M. Sidibé a rédigé un texte comme il sait bien le faire. Respectant le fond et la forme. Ce qui pourrait laisser penser que l’homme est au mieux de sa forme. Dieu merci pour lui. Il signe une tribune au vitriol contre les Nations Unies. Paradoxalement, cette prise de position, accusant l’organisation mondiale d’être partiale, partielle et parcellaire, pourrait mettre ses médecins dans une position peu confortable. En revanche, la justice, elle, pourrait se frotter les mains. En soutenant que le prévenu n’a pas sa place dans une clinique.
Certes l’affaire de 4 tonnes d’or de la Banque centrale, dont on dit qu’elle a été réglée à l’amiable, ne rassure pas. C’est la preuve que, malgré la promesse du président de la transition, qui affirme que sa main ne tremblera pas contre les prévaricateurs, il y a toujours des « intouchables » dans le pays. Et visiblement, l’ancien DG de l’OGP ne verra pas d’un mauvais œil son cas, lui aussi, réglé à l’amiable.
D’où cette sortie dont l’objectif ne trompe personne. Un exilé politique, rentre au pays à la faveur d’un coup d’État. Il est nommé à un important poste de responsabilité. Mais sa gestion est jugée opaque par les travailleurs, les enquêtes relèvent un trou de plusieurs milliards dans sa gestion. Au lieu de chercher à se blanchir par des preuves, il cherche à discréditer un rapport des Nations Unies pour caresser l’homme fort du moment dans les sens du poil. La fin justifie les moyens.
Pour attirer l’attention sur lui et obtenir et la clémence de sa cible, M. Sidibé souligne qu’il signe son papier depuis son lit d’hôpital. Ce cas est pour le moins atypique. C’est pour la première fois qu’un homme mis aux arrêts fait les éloges de celui qui est censé l’avoir arrêté. Car malgré le slogan « la justice est indépendante », on pourrait dire que le président de la transition peut avoir son mot à dire dans n’importe quelle affaire. Ce n’est pas lui qui arrête et juge les délinquants économiques. Ce n’est pas lui qui les libre non plus. N’oublions pas que le président Conté avait martelé “la justice c’est moi” dans l’affaire État guinéen contre Mamadou Sylla, en 2007.
Depuis, beaucoup d’eaux a coulé sous le pont. Pour la première fois, et en dépit de certaines dérives qui sèment le doute, les autorités actuelles ont sonné la fin de la recré pour l’impunité. Si afficher son soutien au régime en place lui garantit l’impunité, les détenus et prévenus peuvent emboiter le pas à Mandian Sidibé. Tous en chantant en chœur : « Vive le CNRD ! » Mais cela risque d’être un leurre.
Habib Yembering Diallo