En Guinée, la nuit tombe deux fois. Une fois quand le soleil se couche, et une autre fois quand l’électricité décide de faire une petite sieste. Ah, ces coupures intempestives, quel bonheur ! Elles nous obligent à renouer avec les plaisirs simples de la vie : la lumière des téléphones, le chant des moustiques et les histoires de sorcellerie racontées par grand-mère. Bien sûr, il faut faire attention à ne pas trébucher sur les fils électriques qui traînent par terre, mais c’est ça aussi le charme de vivre en Guinée. On pourrait presque croire que nous sommes revenus au Moyen Âge, si ce n’est que nous avons des téléphones portables pour poster les photos de notre misère sur les réseaux sociaux. On Chen fout !

Eh bien, mes amis, c’est l’heure du grand show ! Le cirque financier guinéen, toujours aussi palpitant ! Vous savez, chez nous, les chiffres dansent la Macarena, les budgets se volatilisent plus vite que l’argent d’un parieur en période de parti, et les comptes, eh bien, ils sont… disons… créatifs !

Bref, mes amis, la vie financière en Guinée, c’est un peu comme un grand jeu de piste. On cherche l’argent, on le perd, on le retrouve, on le relance… Et ainsi de suite. C’est un jeu sans fin, où les règles changent en permanence, et où les gagnants sont toujours les mêmes. Mais ne vous inquiétez pas, on en a l’habitude. On est des champions en matière de débrouillardise, et on sait très bien tirer notre épingle du jeu. Après tout, qui a besoin d’une économie saine…?

Eh oui, mes amis, en Guinée, l’argent a des ailes… et des jambes pour détaler ! Les scandales financiers se multiplient, comme des lapins blancs dans un chapeau de magicien. Chaque jour, une nouvelle affaire éclate, un nouveau détournement est révélé. On pourrait croire à une épidémie, une sorte de peste financière qui décime nos pitances publiques.

Le 31 décembre, on célébrait le passage au nouvel an. Eh bien, nous y voilà en 2025 ! Une année comme les autres, si ce n’est que tout va de mal en pis. C’est comme si le temps s’était arrêté, figé dans une boucle infinie de galères et de désillusions. On aura célébré plutôt le passage à vide. Les caisses de l’État sont aussi vides que mon frigo après une soirée entre amis. Et nos estomacs, croyez-moi, suivent le même régime.

Les gérants de nos finances, ces grands magiciens, réussissent à faire disparaître des milliards comme par enchantement. Tels des prestidigitateurs ! Des milliards qui auraient pu construire des écoles, des hôpitaux, des routes… Bref, à améliorer notre quotidien. Mais non, ils ont préféré les mettre en sécurité dans des paradis fiscaux. Il faut bien comprendre que la corruption, cette vieille dame aux yeux verts, a élu domicile au cœur de notre société.

Et pendant ce temps, nous, les petits gens, on se débrouille comme on peut. On fait la queue pour une goutte d’eau, on trime pour un morceau de pain, et on se demande si un jour, on aura le droit de vivre dans un pays où tout le monde a les mêmes chances.

J’étais l’autre jour au marché de Madina, assoiffé comme une limace. Je me suis dirigé vers la vendeuse de bissap, une vieille routinière qui maîtrise tous les secrets de la boisson. J’ai commandé mon jus, et pendant qu’elle le préparait, on a commencé à discuter. Elle m’a dit : « Tu sais, mon fils, ce pays, c’est fini. Nos dirigeants, ils ne pensent qu’à leur poche et leur panse. Ils nous prennent pour des imbéciles. » Je lui ai répondu : « C’est vrai, mais au moins, toi, tu nous vends du bon bissap. » Elle m’a regardé avec un air malicieux et m’a dit : « Bon bissap ? Tu crois vraiment que je mets du vrai bissap dans mon jus ? C’est de l’eau colorée avec du sucre, et un peu de bissap pour le goût. Mais les clients, ils ne s’en rendent pas compte. » J’ai éclaté de rire. C’était tellement absurde. Elle était en train de me dire qu’elle me trompait, tout en critiquant les politiques qui trompent. C’est ça, la Guinée : un pays où tout le monde se trompe, mais où personne ne veut l’admettre.

Alors, à quoi bon se plaindre ? Après tout, nous sommes des Guinéens, et les Guinéens sont faits d’un bois résistant. Nous avons traversé bien des épreuves, et nous en traverserons d’autres. Mais en attendant, continuons à rêver d’un avenir meilleur, à nous amuser avec les quelques miettes qui nous tombent sous la dent, et à espérer que nos dirigeants finiront par comprendre que le peuple n’est pas dupe.

En attendant, je vous propose de lever nos verres à la santé de nos dirigeants. À leur santé, et à la nôtre, bien sûr. Car après tout, qui vivra verra. A fakoudou !

Par Sambégou Diallo