Le 3 février, le procès intenté contre Ibrahima Kourouma, ancien ministre de l’Enseignement pré-universitaire et Mohamed 5 Sankhon, ancien directeur administratif et financier (DAF) dudit ministère, a repris à la Crief. Le prévenu estime que son image a été souillée pour rien.

L’ancien ministre a été interrogé par la défense des heures durant sur la gestion de plus de 612 milliards de francs guinéens affectés à la tenue de différents examens nationaux, mais aussi sur l’utilisation de 12 millions de dollars américains de prêts. Or, les deux prévenus  n’ont pas travaillé au même moment au même ministère. Ibrahima Kourouma persiste et signe que ce n’est pas à lui, en tant que ministre, de justifier les états financiers du ministère de l’Enseignement pré-universitaire, mais c’est au pool financier.

Pourtant, pour avoir dirigé le département de 2011 à 2017, le Parquet spécial près la Crief le tient pour responsable de la gestion administrative et financière du département de l’Enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation. Ce que rejette en bloc Ibrahima Kourouma, clamant que la fonction de ministre et différente de celle de directeur administratif et financier.   

L’ancien commis soutient n’avoir « jamais travaillé » avec son co-accusé, ancien DAF du même ministère. « C’est ma première fois de le voir. Je ne comprends pas comment on me confronte avec un DAF avec qui je n’ai pas travaillé », s’étonne-t-il.

Me Soufiane Kouyaté, avocat d’Ibrahima Kourouma, veut en savoir plus sur les 12 milliards dollars de prêt octroyé aux trois ministères en charge de l’Éducation par la Banque islamique de développement. Le prévenu argue qu’un partenaire financier ne confie jamais la gestion d’un fonds à un ministère. Selon lui, l’argent « a été géré de bout en bout » par une unité de gestion mise en place par le partenaire lui-même, même qu’il s’est félicité de l’aboutissement du projet, via un rapport « satisfaisant.» Me Soufiane Kouyaté croit que la personne qui devait fournir des pièces justificatives sur l’utilisation des 12 milliards de dollars « a déjà bénéficié d’un non-lieu ». Il clame l’innocence de son client.

« Rendez-moi ma liberté »

L’ancien ministre martèle que les montants des différents budgets du département de l’Enseignent pré-universitaire sont définis par le ministère du Budget. « Le ministre que j’étais n’a pas la responsabilité des justifs financiers. L’ordonnateur est différent de l’agent comptable », insiste à la barre le prévenu.

Ibrahima Kourouma déclare qu’il a beaucoup enduré de 2011 à 2017 et aurait consenti moult sacrifices pour le meilleur de l’école guinéenne. « On n’a pas voulu cherché les pièces avec qui de droit, on a voulu tout simplement me détruire. Le contrôleur financier peut tout vous expliquer. Je suis en prison non seulement pour ma gestion, mais aussi pour la gestion des autres. On a sali mon image pour rien, on m’a détruit. J’ai tout perdu pour rien. En vérité, je ne me reproche rien. Je n’ai touché aucun centime de l’Etat. Monsieur le président, rendez-moi ma liberté », réclame le prévenu. Il assure que sa gestion avait été examinée par l’Inspection générale d’État en 2015 et en 2016. « J’ai été même félicité », clame-t-il. Un tiraillement entre les parties sur la fiabilité du rapport d’Inspection générale d’Etat qui accable Ibrahima Kourouma a amené le juge, Yagouba Conté, à renvoyer l’affaire au 10 février, pour la suite des débats.

Yaya Doumbouya