Les procès en appel de Mohamed Diané, d’Amadou Damaro Camara et de Kim ont repris ce 4 février devant la Cour de répression des infractions économiques et financières. L’audience a tourné court, les parties au procès ont poussé le juge chargé des dossiers à jeter l’éponge.  

Condamnés respectivement à 4 et à 5 ans de prison, Amadou Damaro Camara et Mohamed Diané, figures de proue de l’Alphagouvernance avaient rendez-vous avec la CRIEF pour le début de leur procès en appel. Les ex-ministre de la Défense et président de l’Assemblée nationale devront patienter. Le président de la CRIEF, dont charge revenait de les juger, décide de se dessaisir de leurs dossiers. Il motive sa décision par la volonté de conférer à ces deux procédures toute la transparence requise.

Aly Touré, le procureur spécial près la CRIEF a demandé au juge de se dessaisir pour une question de « sécurité procédurale ». Il estime que Francis Kova Zoumanigui, quand il était président de la Chambre de jugement, avait connu ces affaires. Il avait même commencé à juger ces deux pontes du RPG à l’instance avant qu’il ne soit bombardé président de la Cour. Sa nomination a entraîné un changement de composition. Il est appuyé par les avocats de l’Agent judiciaire de l’Etat. Eux-aussi pensent que le juge gagnerait à lâcher la procédure, tout comme l’avocat du prévenu, Cheng Jiin-Suey alias Kim. La défense d’Amadou Damaro Camara, elle, était d’accord que le juge pilote le dossier de son client. Me Santiba Kouyaté évoque comme argument la volonté de vite avancer pour que son client soit rapidement fixé sur son sort.

Francis Kova Zoumanigui ne tergiverse pas. Il lâche l’affaire au profit d’une nouvelle composition : « La cour constate que monsieur Francis Kova Zoumanigui, ma personne, a connu les présentes affaires à l’instance comme magistrat. En conséquence, renvoie lesdites causes au jeudi 20 février 2025 pour une nouvelle composition », lit-on dans son arrêt. Le patron de la CRIEF n’a pas voulu engager un bras de fer avec les parties au procès sur sa neutralité. Kova Zoumanigui est le juge qui avait par exemple prononcé une liberté conditionnelle en faveur du prévenu, Amadou Damaro Camara, pour des raisons de santé. Une décision que le parquet spécial n’avait pas appréciée. Il avait d’ailleurs immédiatement relevé appel et obtenu le maintien en détention de Damaro.

Francis Kova Zoumanigui s’est aussi dessaisi de l’affaire Mamadou Diouldé Diallo, ex DG de la Société des eaux de Guinée. Celui-ci et son co-prévenu, ont gagné la bataille en première instance, mais le parquet spécial a relevé appel.

Amadou Damaro Camara, accusé d’avoir détourné 15 milliards de francs guinéens destinés à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale à Koloma, purge 5 ans d’emprisonnement dont un avec sursis. L’homme d’affaires, Kim, est condamné à 1 an d’emprisonnement avec sursis. Mohamed Diané lui, est condamné à 5 ans de prison pour un « détournement » de plus de 500 milliards de francs guinéens.

Yacine Diallo