Un peu plus de trente mois après la première immersion du gouvernement Mohamed Béavogui, une autre immersion gouvernementale est en cours. Une démarche ordonnée par le Président de la transition pour, dit-on, une gouvernance de proximité. Sans avoir la prétention de mettre en doute l’engagement des autorités à prendre en compte les préoccupations des populations de l’arrière-pays, il aurait été salutaire de procéder à une très large communication sur la mise en œuvre des recommandations de la première immersion gouvernementale de 2022. Logiquement, la présente immersion devrait s’appuyer sur les conclusions de la précédente.
C’est le moment de rappeler le diagnostic de l’ex-Premier ministre, Mohamed Béavogui, à l’occasion : « Le constat est douloureux, il faut le dire. Nous avions une compréhension de ce que nous croyions être la Guinée, mais le constat est encore plus violent. Nous avons vu une Guinée à l’intérieur, où il y avait dans une grande partie, l’absence de l’Etat. Très sincèrement, il y avait l’absence de gouvernance, il y avait l’absence de commis de l’État. Les hommes manquent, les moyens manquent, les systèmes manquent … ». Qu’en est-il de la mise en œuvre des recommandations formulées après cet accablant constat ?
On ne le répètera jamais assez, la situation de notre pays se caractérise par un grand fossé entre la capitale et l’intérieur du pays. A juste raison, des sociologues traduisent cela par la formule « Conakry représente la Guinée légale, tandis que l’intérieur du pays représente la Guinée réelle ». Une situation qui se passe de commentaires, tant le déficit d’infrastructures diverses est à la limite révoltant.
Les laborieux citoyens de nos préfectures vivent dans un dénuement inexplicable, par l’incapacité des différents régimes qui se sont succédés depuis notre indépendance. Et dire que depuis des lustres, un diagnostic éclairé et consensuel de la Guinée a été posé. Les solutions et les recommandations proposées de façon participative ont même été entérinées dans certains cas par les différents acteurs, les membres du gouvernement et la communauté internationale. Sauf que ces engagements ont été caractérisés par le manque de suivi et leur faible ou leur non application. Ce n’est donc guère une surprise, si nous sommes après un peu plus de six décennies d’indépendance, pratiquement à la case départ en termes de développement.
L’immersion en cours, si louable soit cette démarche qui va permettre à nos ministres de vivre les dures réalités de l’arrière-pays, devrait permettre enfin de résorber le déficit d’infrastructures de base entre la capitale et le reste du pays. Si à moyen terme cet objectif est atteint, on ne se plaindrait pas outre mesure de la saignée financière occasionnée par le séjour de nos ministres à l’intérieur du pays. On semble encore le négliger, la Guinée fait toujours partie des pays les moins avancés de l’Afrique. Raison pour laquelle les deniers publics doivent être gérés avec parcimonie et efficacité.
Thierno Saïdou Diakité