Le 8 avril, le tribunal de première instance de Kankan a condamné Bangaly Traoré à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sureté de 30 ans, pour avoir tué sa compagne. Au civil, il doit verser 3 milliards de francs guinéens aux héritiers de la victime, soit la moitié de ce que réclamait la partie civile.

Bangaly Traoré a été reconnu coupable de l’assassinat de sa compagne Adama Konaté, à coups de couteau, le 20 mars au quartier Banankoroda, commune urbaine de Kankan. Soit la peine requise contre l’accusé par le procureur de la République, Marouane Baldé.  

Le procès, très expéditif (démarré et bouclé le même jour), était très attendu à Kankan. Pour la circonstance, la sécurité a été renforcée aux alentours de la Cour d’appel de la ville. L’accès était minutieusement filtré. Dans une salle d’audience archicomble, Bangaly Traoré a comparu à la barre en larmes. « J’ai acheté un couteau et de l’herbicide pour tuer Adama Konaté et ensuite me donner la mort, a-t-il admis d’entrée. Après l’avoir poignardée, j’ai bu l’herbicide, mais je ne savais pas que le produit ne pouvait pas me tuer ».

Pour rappel, le 20 mars dernier au quartier Banankoroda, commune urbaine de Kankan, Bangaly Traoré, chauffeur, a mortellement poignardé Adama Konaté, vendeuse de riz au marché Dibida.

Auparavant, Bangaly Traoré a dépêché sa sœur chez sa compagne, afin de les réconcilier. Mais Adama Konaté aurait décliné l’offre de médiation. « Je l’ai vue assise dans son magasin. Je lui ai demandé de me donner de la place pour m’asseoir, elle refuse. Cela m’a fait mal. Je suis allé acheter un couteau et de l’herbicide. En cours de route, je me suis dit de la laisser tranquille, comme mes épouses me le conseillent. Je suis rentré. Un instant après, quelque chose me dit d’aller la tuer. J’ai sursauté, je me suis dirigé vers son magasin », précise devant le juge l’accusé, cité par nos confrères de Guineematin.com.  

« Ma vie est fichue à jamais »

Une fois sur place, Bangaly Traoré engage une discussion avec sa campagne, laquelle s’est de nouveau montrée inflexible. Attitude qui s’expliquerait par la présence de son fils, opposé au projet de mariage de sa maman avec Bangaly Traoré. Les deux hommes ont failli en venir aux mains. Mais quand Bangaly a sorti son couteau, le jeune s’est enfui. « Adama Konaté s’est jetée sur moi et je l’ai poignardée à plusieurs reprises. Ensuite, j’ai bu l’herbicide pour me suicider. Malheureusement, il n’y pas eu d’effet. C’est à l’hôpital, après l’introduction d’un raccord médical dans mes narines, que je me suis rendu compte de ce que j’ai fait. C’est Satan qui a eu raison de moi », plaide l’accusé à la barre.

Le crime commis, Bangaly Traoré n’a pas été immédiatement désarmé et arrêté par les services de sécurité, alors que la victime se vidait de son sang. « Après les faits, j’ai couru me confier aux gendarmes. J’aurais aimé qu’il n’y ait eu qu’une simple bagarre entre elle et moi sans qu’il y ait mort. Aujourd’hui, ma vie est fichue à jamais. Je préfère mourir », regrette, tardivement, l’accusé.

Yaya Doumbouya