Plusieurs commerçants du marché Hafia2, commune de Tombolia, ont manifesté mercredi 16 avril. Ils dénoncent une surtaxe (droit de marché) et exigent le départ de l’administrateur du marché, accusé d’être derrière l’augmentation.

Dans la matinée de ce 16 avril, des dizaines d’occupants, en majorité femmes, ont exprimé leur colère sur la transversale N°8 (T8), non loin de leur marché. D’autres jeunes en soutien aux manifestants ont barricadé la voie, perturbant momentanément la circulation. Plusieurs agents des forces de l’ordre ont été déployés, ils ont usé le gaz lacrymogène pour rétablir la circulation. Pas des blessés ni d’arrestation, selon des témoins. Les contestataires, eux, très remontés, dénoncent une « augmentation fantaisiste de la taxe ». Ils pointent du doigt le nouvel administrateur du marché. Selon eux, avant la nomination de celui-ci, chaque magasin payait 15 000 francs glissants par mois. Ce qui n’est plus le cas. «Nous payons 25 000 francs actuellement », dénonce Yarie Camara, vendeuse. Selon elle,  les étalagistes paient quotidiennement 1 500 francs, ce qui est contraire  aux tickets qu’ils reçoivent. « C’est 1 000 franc qui est mentionné sur les reçus ».

Mme Yarie Camara

L’administrateur décrié

Le départ de l’administrateur qui a fait moins de deux mois, est sans négociable, pestent les manifestants. « Il parle mal aux gens, il ne concerte aucun occupant, il prend seul la décision. Il doit partir », tranche Yarie Camara. Un autre marchand renchérit : « En plus, les tenanciers des magasins disposant des tables devant leurs lieux, paient 1 500 par table, sans compter les 25 000 qu’ils paient pour le magasin. Le mois, nous nous retrouvons à 70 000 francs guinéens à payer au titre des taxes », indique Mamadou Malick Diallo. Il fustige aussi l’habitude de la nouvelle autorité du marché. « Le 11 avril, l’administrateur est venu cadenasser la porte de mon magasin alors que j’étais à la mosquée. Je suis allé à son bureau, il m’a dit de payer 25 000 francs, j’ai demandé pourquoi, il m’a répondu que c’est pour le mois de mars. Je lui ai dit d’aller ouvrir mon magasin, afin que je lui paie, mais il a refusé. J’ai dû emprunter de l’argent, pour qu’il rouvre mon magasin ».

Les ordures pullulent, malgré tout

Des tas d’ordure inondent les abords du marché. Pourtant, l’augmentation des 500 francs guinéens sur les tickets par l’administration serait justifiée pour lutter contre l’insalubrité. « Le marché n’est toujours pas propre. L’administration ne respecte pas son engagement. Nous voulons qu’on réduise la taxe des étalagistes à 1 000, les autres à 15 000 au lieu de 25 000 francs », a sollicité Mamadou Malick Diallo.

Mamadou Malick Diallo

Négociations à Tombolia

A l’intérieur et à l’extérieur du marché, tous les magasins et boutiques sont fermés. Aucun étalagiste. Après plusieurs tractations avec les forces de maintien de l’ordre, les commerçants se sont rendus à  la commune de Tombolia. Malgré des heures de négociations, ils n’ont pas obtenu gain de cause. « Nous avons été reçus par les autorités communales, à qui nous avons exprimé nos préoccupations. Mais vu que le président de la délégation spéciale était absent, nos interlocuteurs nous ont dit de revenir demain (jeudi Ndlr), afin de savoir la décision ».

Toutes nos tentatives d’entrer en contact avec l’administrateur ont été vaines. Son bureau étant,  fermé, nous n’avons pu le joindre au téléphone.

A Conakry, les problèmes entre commerçants et administrateurs des marchés sont récurrents. A Bantounka 1, dans la commune de Lambanyi, les occupants ont été récemment sommés de quitter les lieux, sous prétexte que le marché a été baillé à un particulier. Les commerçants ont soupçonné une combine entre l’administrateur du marché et le président de la Délégation spéciale.

Souleymane Bah