Après le lancement officiel du recensement électoral biométrique à Cona-cris avec tambour et trompette, l’opération peine à démarrer effectivement sur le terrain : absence d’agents recenseurs, des kits indisponibles ou incomplets, mode d’emploi non maîtrisé…
Le recensement biométrique a été lancé le 15 avril, pour finir le 30 mai sur toute l’étendue du trottoir national. Les Guinéens de 10 ans et plus sont invités à s’enrôler afin d’établir le fichier électoral, mais aussi de constituer le Registre national des personnes physiques. Le général Mamadi Doum-bouillant, la tête soigneusement rasée, s’est prêté à l’exercice le 17 avril dans son bunker, à Boulbinet (Kaloum). Quid du reste du populo ?
Le 18 avril, l’opération n’a pu démarrer dans plusieurs coins visités de Cona-cris et de l’intérieur du pays, pour diverses raisons. À 9 h, au siège du quartier Bantounka 2, commune de Lambanyi, trois kits électoraux sont installés. Ils attendent d’autre matériel informatique et le code d’accès. L’ensemble devait être livré par le superviseur, afin d’entamer le recensement.
Au même moment, deux agents s’interrogent sur le positionnement de l’objectif de l’appareil photo dans une autre salle. Prudent, l’un d’eux câble le superviseur. Celui-ci commande de patienter, pour ne pas commettre l’irréparable. Message bien reçu ! Les sept citoyens prêts à se faire recenser prennent leur mal en patience.
Des agents aux abonnés absents
À 10h, au siège du quartier Nassouroulaye, commune de Ratoma, pas l’ombre d’un agent recenseur. L’équipe était pourtant annoncée depuis la veille. Là, trois personnes font le pied de grue depuis 6h du matin, voulant anticiper les affluences. Que nenni ! « Le Guinéen ne fait jamais ce qu’il doit faire à temps, même s’il est bien rémunéré. Nous attendons ces gens depuis hier, mais on ne voit ni agent ni kits. Sinon, les gens veulent vraiment se faire recenser, mais comment faire », s’interroge Abdoulaye Sow, dépité.

D’un coin à l’autre, c’est du pareil au même. A Simbaya, aucun kit n’y est acheminé. A 11h pétantes, les agents recenseurs se rongent les pouces à l’ombre. « Les machines ne sont pas arrivées, ils partent les chercher comme ça. Revenez après la prière de 14 heures », nous conseille un d’eux. Souleymane, le Scylla du quartier, s’apprête à chercher les kits électoraux. «Je vais installer une machine ici [près de chez lui, qui est fou ?] et les autres dans les secteurs», nous balance-t-il, avant de s’engouffrer dans son teuf-teuf. Charité bien désordonnée commence par soi.
L’exception Haute-Guinée ?
Fixée au mur de l’enceinte de la maison des jeunes, une banderole invite le populo du quartier Bellevue-école, commune de Dixinn, à se faire enrôler. À l’intérieur, les agents s’apprêtent à déjeuner, en ce vendredi matin 18 avril. Sur des tables trônent des machines. Tout semble prêt pour démarrer les opérations. Mais, quand on demande à se faire recenser, l’un d’eux nous invite à patienter : du matériel manque à l’appel.
À Kobayah-rails, commune de Sonfonia, tout comme à Afia, dans Tombolia, il n’y avait pas eu de récemment dans plusieurs secteurs. Ni du matériel informatique ni d’agents recenseurs. Au quartier Béhanzin, commune de Gbessia, itou. «Après avoir fini de recenser les gens dans le secteur 1, l’équipe viendra dans le secteur 2», croit un citoyen, rencontré chez le chef de quartier.
À Bourouwal-Tappé, dans la préfecture de Pita, les kits n’étaient pas arrivés, le 18 avril. Tout comme à Timbi-Tounni. Par contre, l’enrôlement a commencé dans plusieurs quartiers de Kankan et de Siguiri, selon nos informations. À Banora, préfecture de Dinguiraye, le début du récemment est attendu le 19 avril, selon une source basée dans la localité.
Amara Cas-marrant, le Secrétaire gênant de la Présidence, ne se trompe pas en disant que le recensement nous mènera «naturellement et doucement» au scrutin référendaire du 21 septembre prochain.
L’enrôlement a démarré dans certains quartiers après notre premier passage. C’est le cas de Bellevue école, où l’affluence des populations est chaque jour grande. C’est le cas également dans plusieurs coins de Cona-cris. On note cependant une lenteur terrible. La machine enregistre une personne toutes les 20 minutes…sans compter les perturbations du réseau, nous dit-on à Bellevue école.
Yaya Doumbouya