Le 17 avril, un groupe de personnes se disant secrétaires fédéraux de l’UFDG en Basse-Côte a pondu une déclaration pour appuyer ceux de la Haute et Guinée forestière qui prônaient l’alternance à la tête du parti. Mais derrière ces nouveaux frondeurs, on entrevoit la main noire du Cercle des amis de Gaoual, le bras droit d’Ousmane Gawa Diallo.
Qui cherche-t-il à entretenir la crise au sein de l’Union des forces démocratiques de Guinée ? Dans une déclaration commune publiée le 17 avril, un groupe de 21 personnes se réclamant secrétaires fédéraux du parti en Basse-Côte se dit favorable au « changement du leadership de l’UFDG. » Il apporte ainsi de l’eau au moulin d’autres fédéraux de Haute Guinée et Guinée forestière. Ces derniers avaient rédigé, le 1er avril, un mémo à l’attention de la Petite Cellule Dalein Diallo, leader de l’UFDG, pour plaider la réintégration des personnes exclues. En l’occurrence Ousmane Gawa Diallo. Ils soutenaient aussi l’organisation d’un congrès unitaire ; l’élection d’un nouveau leader et faire de l’actuel le prési d’honneur du parti. Puis, coup de théâtre : tous se sont rétractés, à l’exception d’Antoine Dobo Guilavogui (secrétaire fédéral de Kankan) et Paul Rosal Kolié (fédéral de Nzérékoré).
Dans une déclaration publiée le 18 avril, la Cellule de communication de l’UFDG dément formellement l’appartenance de ce nouveau groupe de frondeurs au parti : « Les signataires de cette déclaration ne sont aucunement membres du parti, encore moins des secrétaires fédéraux des localités mentionnées…Ces imposteurs ne sont que des instruments d’un projet de déstabilisation orchestré par des forces obscures qui, après des multiples tentatives infructueuses, cherchent, à travers cette manipulation ridicule, à nuire à l’UFDG et à son président. » Le parti, dit avoir identifié certains « faussaires » qu’il menace de traduire devant dame Thémis.
Usurpation de titre ?
Plus que la déclaration et son contenu, c’est la qualité de membre des signataires qui est mise en cause. Ils ne sont pas ou plus du parti. Mais qui sont-ils vraiment ? Aboubacar Fadiga et Souna Aziz Camara ont milité à l’UFDG. Le premier en qualité de membre de la Cellule de communication. Statut qu’il a perdu depuis 2020, avec d’autres communicants soupçonnés de rouler pour le RPG arc-en-ciel, alors au pouvoir. Fadiga a rejoint par la suite l’UDG du Scylla de Dixinn-Bora. Il y militerait encore. Dans le mémo, il se proclame secrétaire fédéral de l’UFDG de Dixinn. Or, les deux fédérations du parti à Dixinn sont dirigées par Amadou Barry et Mohamed Kalissa. Aboubacar Fadiga n’aurait jamais été même membre de ces deux fédérations : « Quand il était à l’UFDG, il était membre de la section jeunes de Kipé. Il habitait dans ce quartier, non loin de chez l’ex-maire, feu Issa Soumah. On a même travaillé ensemble à la restructuration du parti à Ratoma », explique Abdoul Salam Sow, un des deux secrétaires fédéraux de l’UFDG à Gbessia.
Souna Aziz Camara, lui, était secrétaire de la fédération des jeunes de l’UFDG à Kaloum. Il a rejoint le CNRD au lendemain du putsch de septembre 2021. Son successeur s’appelle Aboubacar Sacko : « Aujourd’hui, sa photo de profil, c’est le général Mamadi Doumbouya », relève Sacko. Joint par le Félin, Sounah Aziz Camara confesse avoir signé le doc en « tant que fédéral du CERAG à Kaloum, mais pas en tant que fédéral de l’UFDG. Je suis le représentant du CERAG, comme les autres signataires. » La fédération de l’UFDG à Kaloum est dirigée par Lancinet Sagno.
L’authenticité du mémo en question
Aboubacar Fadiga, lui, préfère donner sa langue au chat : « Contentez-vous de ce que vous voyez dans le document. » Et si ça ne nous suffit pas ? Dans la commune de Matam, l’UFDG compte trois fédérations. Boubacar Sow, signataire de la déclaration, ne préside aucune d’elles. Tout comme à Matoto, la fédération UFDG de cette commune est dirigée par Sory Baïlo Diallo et non Aly Manet.
Comme Souna Aziz Camara, d’autres signataires ne seraient en réalité pas de l’UFDG, mais des représentants du CERAG dans leurs localités respectives. C’est le cas de ceux de Boké, Gaoual ou encore Koundara. Une source bien informée de ce qui se passe entre l’UFDG et le CERAG met en doute même l’authenticité de la déclaration : « Autant l’authenticité du premier mémo était sans équivoque, autant celui-là pose questions. Il est trop parfait pour être vrai. Tu as l’impression que c’est une machine qui a fabriqué ça. Les cachets sont trop identiques, la même forme, les mêmes dimensions, les mêmes écritures. Je ne sais pas si des gens tapis à Conakry n’ont pas signé le mémo, moyennant de l’argent. »
Interpellé sur une éventuelle implication du CERAG, un membre de la structure s’emporte : « Vous, les médias, vous aimez mélanger les choses. Sur le document, il y a les signatures et les cachets, pourquoi ne pas vous contentez de ce vous que voyez ? Tous les signataires sont de l’UFDG, c’est le plus important, le reste n’est que détails. » Et le diable se cache dans les détails, dit l’adage.
Yacine Diallo