C’est « la partie visible d’un phénomène préoccupant ». En Guinée, le gouvernement promet la « tolérance zéro face à l’impunité » devant l’inquiétante série de féminicides et d’agressions des dernières semaines. Les autorités réagissent, après l’alerte lancée par le Collectif des associations et féministes contre les violences basées sur le genre, qui s’indignait de l’agression filmée, le week-end dernier, de plusieurs prostituées du quartier Kipé, à Conakry, par des jeunes constitués en milice.

Des vidéos sur internet montrent plusieurs hommes frappant une femme avec des bâtons. Le Collectif féministe appelle « l’État guinéen à agir sans délai » et à cesser lui-même la banalisation des violences, en référence au cas récent de la chanteuse Djelykaba Bintou, victime des coups de son conjoint.

« Ce qui rend tout ceci inquiétant, c’est l’inaction des politiques publiques quant à l’amélioration du cadre légal de protection et surtout quant à l’accès à la justice des victimes. Plus grave, il y a une véritable banalisation des questions de violence de la part du gouvernement quand on voit la dernière sortie du ministère de la Culture sur le cas Djelykaba Bintou. Elle a affirmé sur la place publique qu’elle était victime de violences de la part de son mari. Ce que l’État était censé faire, à travers le procureur de la République, c’était de s’auto-saisir du cas et voir si cette personne qui accuse son mari n’est pas en danger. Au lieu de cela, c’est le ministre qui dit qu’il va « réconcilier » la victime avec la personne qui l’a battue. Cela nous a toutes mises KO ! Et cela nous fait peur, en tant que Guinéennes, en tant que femmes, parce que tout ce qu’on peut faire, c’est référencer les violences et les dénoncer. L’appareil judiciaire appartient à l’État et si l’État lui-même considère que face à une violence, on peut la résoudre à travers une médiation sociale ou politique, cela devient de plus en plus inquiétant. Et nous, en tant que femmes, nous nous disons que nous sommes toutes en danger », s’insurge Oumou Khairy Diallo membre du Collectif des Associations et Féministes contre les violences basées sur le genre.

Par RFI