Dans une sortie du 24 juin, la rapporteuse spéciale des Nations unies, Mary Lawlor, a exprimé ses « graves préoccupations » sur la situation d’enlèvement, des disparitions forcées et tortures à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme en Guinée.
Accompagnée des experts onusiens, Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale des défenseurs et défenseuses des droits humains, tire la sonnette d’alarme sur les cas des défenseurs de droits de l’homme, notamment Abdoul Sacko du Forum des forces sociales de Guinée (FFSG), Oumar Sylla dit Fonikè Manguè et Mamadou Billo Bah, du Front national pour la défense de la constitution (FNDC). Mary Lawlor dit avoir transmis une communication écrite au gouvernement guinéen depuis le 23 avril dernier. Selon elle, cette communication « est conservée confidentielle » pendant 60 jours, afin de permettre au gouvernement de répondre. « Malheureusement », déplore la rapporteuse, les autorités n’ont pas répondu dans ce délai.
« Dans cette communication, nous exprimons de graves préoccupations quant aux allégations d’enlèvement, de disparition forcée, de torture et de mauvais traitements infligés à M. Sacko, ainsi qu’aux allégations de disparition forcée prolongée de M. Sylla et M. Bah ». Pour elle, si ces allégations s’étaient avérées, « le gouvernement guinéen aurait gravement violé les droits humains fondamentaux et ses engagements en matière de droit international des droits de l’homme, y compris l’interdiction de la disparition forcée et de la torture », affirme-t-elle sur X (ex-Twitter).
Elle a exprimé sa préoccupation par le fait que ces cas de disparition forcée viseraient à museler toute voix dissonante et restreindre les droits fondamentaux des Guinéens. « Ces disparitions forcées semblent illustrer une tendance dont nous avons déjà fait partie dans d’autres communications au gouvernement de la Guinée, qui viserait à faire taire les membres de la société civile, de l’opposition politique et de la dissidence et les dissuader de s’exprimer, manifester pacifiquement, se réunir et participer à la vie publique et politique en Guinée ».
L’activiste Abdoul Sacko est libre, après avoir été enlevé et molesté le 19 janvier dernier. Mais Mary Lawlor a exprimé son « inquiétude face aux allégations de menaces et d’actes d’intimidation à la rencontre de M. Sacko, sa famille et ses proches ».
Les cas d’enlèvement et de disparition forcée deviennent de plus en plus inquiétants en Guinée. Le 21 juin, Me Mohamed Traoré, avocat à la Cour, a été enlevé, torturé avant d’être libéré. Le 9 juillet 2024, Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah ont été enlevés au domicile du premier. Le 3 décembre, le journaliste Habib Marouane Camara a été aussi kidnappé. Peu avant lui, précisément le 17 octobre, Saadou Nimaga, ancien secrétaire général du ministère des Mines et de la Géologie, a été enlevé à Kaloum. Ces disparus n’ont pas encore donné de leurs nouvelles.
Souleymane Bah