Wallahi, mes amis, si quelqu’un vous dit que l’année 2025 est une année comme les autres, jetez-lui une pierre ! Ici, à Conakry, les constats s’empilent plus vite que les ordures de Matoto, et la question du jour, plus insistante qu’un moustique affamé, est de savoir si nous sommes devenus des tas de cons à force de subir sans broncher ? Parce qu’ici, l’existence a pris des allures de pièce de théâtre sans metteur en scène, jouée par des somnambules, et dont le public est prié de rire. À Fakoudou !

Wallahi, mes amis, les esprits frappeurs ont décidé de revenir hanter la Guinée en cette année bénie 2025 ! Ils ne se contentent plus de faire trembler les murs la nuit, non. Maintenant, ils squattent nos maisons et même nos palais, sans jamais verser un seul franc de location. Des vrais locataires fantômes, plus gourmands que des termites dans un meuble en bois ! Et le pire, hé Kéla ! c’est qu’ils kidnappent nos amis, nos frères, nos cousins – ceux qui ont encore un peu de sang qui coule dans les veines – ils les bastonnent à mort, puis les jettent dans la brousse comme de vulgaires ordures. On se demande si ce sont vraiment des esprits ou juste de mauvais payeurs avec des matraques. À Fakoudou !

Avant, quand on te prenait, c’était pour te faire disparaître discrètement, comme un mauvais souvenir. Maintenant, Wallahi, quand on te prend, c’est pour te bastonner à mort, avant de te balancer dans un terrain vague loin de Conakry, comme un sac d’ordures périmées. On ne sait plus si c’est la sécurité qui gère l’insécurité, ou si c’est l’insécurité qui gère la sécurité. C’est une fusion tellement parfaite qu’on pourrait la breveter : l’insécurité sécurisée ! La mort est devenue un fait divers, un simple « point de non-retour » dans le quotidien des vivants. On chen fout !

Il y avait quelqu’un qui disait l’autre jour, les yeux plus rouges que la queue d’un singe après une raclée : « Mon frère, ces banques-là, elles nous font rire ! Elles disent qu’elles sont fauchées, qu’il n’y a plus d’argent liquide, pas même de quoi acheter un attiéké ivoirien. Si même les coffres-forts pleurent misère, et les banques deviennent des larmes d’argent. Alors nous, les pauvres, on fait quoi ? On vend nos reins pour un kilo de riz ? Les braves ménagères, elles vont faire leurs courses avec des prières ? Et nos PME qui bossent comme des forçats, elles vont payer leurs fournisseurs avec des regrets ? » Wallahi, on dirait que l’économie guinéenne est devenue un vieux pagne usé, et que la planche à billets, elle est partie faire la Mamaya à Kankan, laissant la nation dans un silence financier assourdissant. Hé Kéla !

Et puis, il y a les ordures. Ah, les ordures ! Elles s’entassent au niveau des marchés, sur les routes, partout à Conakry. On dirait que notre cher Albayrak a jeté l’éponge et s’est mis à collectionner les poubelles, qui, d’ailleurs, disparaissent petit à petit, comme par enchantement. Avec les pluies qui s’annoncent, on ne va pas juste avoir des inondations, Wallahi, on va avoir des marées de déchets, une sorte de tsunami organique. Préparez vos pirogues, on va bientôt faire du kayak sur les routes ! Hé Kéla ! Le sol est tellement jonché qu’on ne voit plus les cafards, c’est ça le progrès, Wallahi !

-Tu as raison, mon frère, disait un autre, en crachant un jus de clope par terre, plus amer que la réalité. Ce recensement de nos compatriotes à l’étranger, Wallahi, c’est une blague ! Au lieu de les accueillir à bras ouverts pour qu’ils s’enrôlent sur les listes, on dirait qu’on cherche à faire d’eux des doubles sans-papiers : sans-papiers là où ils vivent, et sans-papiers dans leur propre Guinée ! C’est ça notre pays, mes amis : pour mériter d’être Guinéen, c’est devenu un parcours du combattant, un vrai casse-tête que seuls les féticheurs de Mandiana peuvent résoudre. Hé Kéla !

Et nos opposants en télétravail ? Ceux qui font leurs discours via les réseaux sociaux, avec des filtres pour cacher la fatigue et des hashtags pour faire croire à la révolution ? Wallahi, ils veulent s’enrôler pour le grand retour, ils rêvent de palais et de limousines. Mais comment tu vas être candidat si tu n’es même pas sur la liste électorale, même pas sur la carte SIM ? C’est la formule ADO ça : l’accès aux urnes est un art martial qu’il faut maîtriser, même à distance, avec une connexion qui ne te lâche pas en plein meeting virtuel, sinon tu te retrouves seul à parler à ton téléphone, comme un fou. Hé Kéla !

Ici, dans ce bas-monde, tout est devenu con-fusion : on mélange les rôles, les promesses qui puent, les sourires de façade, les lois tordues… Wallahi, au final, on assiste à une belle fusion de cons, tous enduits des mêmes élans stupides. Prenez les Israéliens et les Palestiniens. Des demi-frères, semble-t-il, mais ils s’entretuent depuis si longtemps… Le comble ? L’Égypte, la Jordanie et l’Arabie Saoudite, leurs plus proches parents, ferment la porte aux Palestiniens, pour les maintenir direct dans la gueule du loup. C’est ça les intérêts qui lient les hommes d’État, paraît-il : un parfum de dollars et une odeur de pétrole, plus enivrants que toutes les prières du vendredi.

Wallahi, mes amis, et c’est là que le type, la clope éteinte aux lèvres et le regard plus vide que les caisses de nos banques, a balancé la dernière vérité qui claque : « Moi, je ne comprends pas nos influenceuses. Elles chantent, elles dansent, elles te vendent des routines bien-être à faire pâlir un marabout ! Résultat ? Un smoothie vert ‘instagrammable’… mais pas un foutu repas solide pour le soir ! Hé Kéla ! Si les smoothies Insta et les hashtags étaient convertibles en riz, wallahi, chaque Guinéen s’en sortirait. On n’aurait même plus besoin de prier, tant on swiperait nos écrans comme si les réseaux sociaux étaient devenus la seule religion et la première préoccupation de ce pays. On n’a rien d’autre à faire que ça ! » À fakoudou !

Sambégou Diallo

Billet

Un chat m’a conté

Quand je prie pour la paix,

On me parle de guerre.

Quand j’allume la lumière,

On me coupe le courant.

Quand je cherche un taxi,

Il pleut des cordes.

Quand j’ai faim,

Le riz disparaît.

Quand je rêve d’un futur,

On me parle du passé. Hé Kéla !

SD