Les autorités guinéennes semblent déterminées à en finir avec la drogue. Des opérations de ratissage et de démantèlement des zones « criminogènes » sont engagées dans tout le pays. A Conakry et à l’intérieur du pays, des suspects ont été arrêtés dont des femmes et un militaire. La justice est saisie, des jeunes ont été condamnés récemment. Ce, en raison de la multiplication des morts dus à la drogue Kush. Seulement dans la commune de Kaloum, en deux semaines, pas moins de 16 personnes en seraient mortes.
Ces dernières semaines, la Direction générale de la police nationale (DGPN) multiplie le démantèlement des lieux de trafic de stupéfiants. Elle a mis la main sur des dizaines de présumés trafiquants et consommateurs de la drogue. Le 12 juillet à Gbessia, dans la commune éponyme, ont été interpellées 11 personnes dont une femme supposées consommatrices et vendeuses de la drogue (chanvre indien et le Kush).
Dans la commune de Kaloum, des forces de défense et de sécurité, des responsables de la commune, multiplient la sensibilisation des jeunes aux méfaits de la drogue. Bangaly Bangoura, président de la Délégation spéciale de Kaloum dénonce. « C’est un fléau qui est en train de fatiguer la population. Cela fait très mal de voir des jeunes mourir de cette façon. Nous avons géré des cas de morts, mais il vaut mieux prévenir ». Le chef du quartier de Boulbinet, Mohamed Lamine Camara, déplore qu’« en deux semaines, il y ait eu 16 morts. A chaque fois, il y a des cas de morts signalés d’un endroit à un autre. Nous sommes très inquiets pour les jeunes ». Le directeur régional adjoint de la Protection de la ville de Conakry, Lieutenant-colonel Isac Loua, a invité les populations à dénoncer les suspects. « Dès que vous constatez un coli ou des personnes suspectes, nous vous demandons d’informer la police ».
Opération de ratissage à Coyah et Kindia
Les forces de défense et de sécurité élargissent la lutte dans le Grand-Conakry et à l’intérieur du pays. Le 7 juillet, 28 individus ont été interpellés à Coyah, d’importantes quantités de chanvre indien, du shit et du crack ont été saisis. Selon la police, des armes blanches, dont un sabre de type samouraï, des effets militaires, notamment des treillis, ont également été retrouvés lors des perquisitions.
Sur instruction de Fallou Doumbouya, procureur de la République près la Cour d’appel de Conakry, une autre opération de ratissage a été menée le 12 juillet à Kindia. Cette opération dénommée « Piment » a permis à l’arrestation de plus de 70 suspects dont une femme et un militaire. Une quantité importante de drogue, notamment le Kush, et autres produits illicites, a été saisie, selon les agents des forces de défense et de sécurité.
Le commandant de la première Région militaire de Kindia, colonel Mamadi Condé, a expliqué. « Plus de 71 jeunes ont été interpellés, 31 téléphones portables de diverses marques ont été saisis, ainsi que d’importantes quantités de drogue. Des cabarets ont également été détruits ». Pour lui, l’objectif est de lutter efficacement contre le grand banditisme, démanteler les zones criminogènes et les neutraliser. « Des structures ont été détruites, parfois incendiées. C’est une mission républicaine, une mission de loyauté. Nous n’accepterons plus que ces pratiques continuent de détruire notre jeunesse », a-t-il déclaré.
Lors du ratissage, un homme en tenue militaire a été arrêté. Colonel Mamadi Condé déplore cette attitude du suspect. « Dans le cas du militaire, je ne suis pas décideur, sinon, lui, son sort est immédiat. Quelqu’un qui est censé défendre l’intégrité territoriale, protéger les personnes et leurs biens, qui doit lutter contre la criminalité, si lui-même est le parrain, c’est compliqué. Il revient à la loi, de faire la part des choses ».
Des condamnations
Le 8 juillet, 17 accusés interpellés par les Services spéciaux de la lutte contre la drogue et les crimes organisés lors des opérations de ratissage ont été jugés. Parmi eux, Sékou Camara, Aly Soumah et Mafoudia Camara ont été relaxés, pour délits non constitués. En revanche, les autres prévenus ont été reconnus coupables des faits à eux reprochés. Pour la consommation de substances psychotropes: Abdoulaye Barry et Aboubacar Soumah ont été condamnés chacun, à un an d’emprisonnement ferme.
Pour la détention illicite de substances psychotropes: Marie Kamara, Mamoudou Bangoura, Souleymane Kagbo, Issa Cissé, Mabinty Mansaré, Victoria Kaï et Issatou Camara à 3 ans de prison ferme ; Annette Camara, Idrissa Camara et Mamata Soumah à 2 ans de prison ferme chacun. Fatoumata Sylla et Aboubacar Allama Bangoura, écope chacun, d’un an de prison, avec sursis et 2 millions de GNF d’amende chacun.
Souleymane Bah