La météo nous avait bien avertis. L’année 2025 sera chaude, même très chaude, la canicule exécrable, les pluies diluviennes. Elle n’a pas botté à côté. Une fois n’est pas coutume. On n’est qu’au débit de l’hivernage et déjà il pleut des cordes, particulièrement à Conakry où les sinistres sont déjà impressionnants. Tenez ! Selon l’Agence nationale de gestion des urgences et catastrophes humanitaires (ANGUCH), on a d’ores et déjà enregistré 713 ménages et 4 056 individus impactés. Aussi, du 28 juin au 14 juillet, a-t-on dénombré six décès confirmés, sept blessés légers et plusieurs bâtiments effondrés, suite aux inondations.
Par ailleurs on a relevé que des véhicules et des motos ont été emportés par les torrents qui dévalent les collines sur lesquelles sont bâtis les quartiers de Conakry, la proprette. Les sinistres déjà observés en ce début d’hivernage, sont plus importants que ceux de toute la saison des pluies l’année dernière. On peut donc déduire que les méfaits des grosses précipitations vont crescendo au grand dam des franges les plus fragiles de la population. Tant pis pour les incrédules et les dubitatifs face au réchauffement de la planète terre. Ils peuvent toujours continuer à gloser sur les innombrables sommets sur le Climat et moquer les grands de ce monde auxquels le spectre d’un effondrement écologique ôte le sommeil. N’en déplaise à Morphée !
Les inondations de cette ampleur deviennent récurrentes depuis quelques années. Que les eaux de ruissellement emportent des véhicules avec leurs passagers durant les fortes précipitations, est un fait nouveau, indissociable de l’urbanisation galopante et sauvage. Il faut rappeler que le corollaire de l’urbanisation intensive est l’extension accéléré et l’imperméabilisation tout aussi rapide de l’espace urbain. Le relief de l’espace urbain peut-être un facteur aggravant de l’inondation. Surtout s’il n’a pas fait l’objet d’opérations d’assainissement et d’aménagement appropriées. Les opérations de lotissement d’espaces ruraux aménageables en espaces urbains suivent généralement l’apurement de ce domaine de tous droits des tiers, pour éviter tous litiges. Les réseaux d’égout (eaux usées et eaux de pluie) et les V.R.D. (Voirie et Réseaux Divers) sont alors mis en place avant la construction de tout bâtiment. Dans certains États voisins (Côte d’Ivoire, Sénégal), l’expérience des parcelles assainies a été tentée avec succès. Ce qui a permis l’extension planifiée et harmonieuse des villes de Dakar et d’Abidjan.
Conakry, la capitale guinéenne, n’a pas malheureusement bénéficié de ces incontournables précautions et techniques urbanistiques qui auraient pu, faute de les éradiquer, réduire considérablement les inondations qui endeuillent désormais de nombreux citadins. Blottie entre la chaîne du mont Kakoulima et l’océan Atlantique, Conakry s’étire le long du pied du mont, s’éparpille sur les plateaux et dans les vallées et vallons.
De toute évidence, ce relief est particulièrement favorable à la formation de torrents rapides et dangereux qui inondent facilement les bas quartiers de la ville. On comprend dès lors l’importance requise par les aménagements de ce relief en espaces urbains constructibles. Le diagnostic urbanistique de la ville de Conakry est bien connu. Il laisse plutôt à désirer. À travers des visions, des politiques, des programmes et des projets, des solutions ont été proposées. Mais on en fait peu cas. La Ville de Conakry en perspective sera-t-elle la solution ? Croisons les doigts !
Abraham Kayoko Doré