Une pénurie de liquidités paralyse la Guinée, particulièrement la capitale Cona-cris. Particuliers et agences de transfert d’argent se débrouillent comme ils peuvent pour s’en sortir, alors que la BCRG et les banques primaires planchent sur des voies de sortie de crise.

Les agences de transfert d’argent à Cona-cris triment pour avoir du cash auprès des banques et de leurs fournisseurs habituels. Les retraits d’argent sont limités, les montants disponibles à la banque ne satisfont souvent pas les besoins réels des entreprises de services monétaires. Dans ce contexte tendu, certains tenanciers sont contraints de suspendre leurs activités et de trouver des solutions alternatives pour éviter la faillite.

Diouldé Bah, gérant d’une agence de transfert d’argent à Kipé, Centre Émetteur, résume bien la situation : « Il est impossible de retirer les montants nécessaires à la banque ou via mon point de vente.  Face à cette situation, j’ai même dû arrêter de faire les transferts d’argent pour le moment. Je dois utiliser mes économies en espèces pour acheter des marchandises afin d’éviter la ruine. »

A Kakimbo, Souleymane Bah, propriétaire de l’agence Soul Multi-services, confie qu’il dépend désormais des dépôts de ses clients pour faire fonctionner son activité : « Quand un client dépose une grosse somme, je travaille avec cet argent. Ensuite, je dois attendre le prochain dépôt pour continuer les opérations. » Dans ces conditions, chaque transaction devient un défi, et les agences doivent constamment jongler avec les fonds disponibles.

Un mal pour un bien ?

La pénurie de liquidités ne touche que les entreprises, les ménages en subissent aussi les conséquences au quotidien. Entre files d’attente interminables, refus de retrait et urgences impossibles à gérer, la frustration grandit à chaque passage dans une agence bancaire ou de service monétaire. Une mère de famille qui a requis l’anonymat raconte : « Mon mari, qui est à l’étranger, m’avait envoyé de l’argent via Orange Money pour nos besoins et surtout pour emmener notre fils malade à l’hôpital. Mais une fois à l’agence, je n’ai pas pu retirer tout l’argent dont j’avais besoin. Je me suis sentie complètement bloquée. C’est très stressant, et je sais que je ne suis pas la seule à vivre ça. »

Face à la crise qui s’enlise, la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) et l’Association professionnelle des banques (APB) se sont réunies le 19 août dans le but de relancer l’émission des billets, réduire les délais de production et sécuriser leur transport.

Les banques primaires ont insisté sur la nécessité de restaurer la confiance des clients afin que les fonds thésaurisés reviennent dans le circuit. Un mécanisme de concertation régulière sera mis en place pour suivre et coordonner les actions. Les autorités espèrent que la pénurie sera un mal pour un bien, en permettant d’accélérer la digitalisation des paiements et de réduire la dépendance au cash.

Aïssatou Bah (Stagiaire)