Les Forces vives de Guinée poursuivent leurs manifestations à travers le monde, pour dénoncer la gestion de la transition. De l’Europe, en passant par l’Amérique et l’Afrique, leurs sympathisants s’opposent au projet de nouvelle Constitution qui sera soumise à référendum le 21 septembre.
Si les manifestations anti-junte sont étouffées en Guinée, à l’étranger, les FVG ne cessent de mobiliser contre le scrutin référendaire. Le 13 septembre, des centaines de compatriotes ont manifesté devant le consulat de la Guinée à New York, aux États-Unis. Encadrés par les forces de l’ordre, les manifestants scandaient, entre autres : « Nous voulons la justice ! » ; « Nous voulons la liberté ! » ; « À bas la dictature ! » Les pancartes complètent leurs griefs : « Plus de corruption en Guinée ! » ; « Le Comité national du rassemblement pour le développement doit partir ! » ; « Libérez les leaders de la société civile et tous les prisonniers politiques ! »
Les manifestants, la plupart vêtus de t-shirt rouge (couleur du Front national pour la défense de la Constitution-FNDC), brandissent des portraits d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè, de Mamadou Billo Bah, Mamadou Aliou Bah, Habib Marouane Camara. Tous kidnappés et détenus dans un lieu tenu secret, à l’exception du leader du Mouvement démocratique libéral. Ce dernier purge une peine de deux ans de prison, pour « diffamation » à l’égard de Mamadi Doumbouya, à la Maison centrale de Conakry.
Sur la rue du consulat guinéen à New York, il n’y avait pas que des opposants à la junte. Plusieurs autres compatriotes en uniforme (Wax) ou en t-shirt blanc manifestent leur soutien à l’adoption du projet de nouvelle constitution le 21 septembre. En campagne électorale, ils appellent à voter « Oui » au projet. Quoiqu’éclipsés par la foule et le hourra du camp adverse, les soutiens de la junte ont brandi leurs pancartes. « Je vote Oui à la nouvelle constitution ! » ; « Je vote Oui, parce que la constitution est la mémoire d’une nation ! » pouvait-on y lire.
« Trop, c’est trop ! »
Aux abords du siège de l’Organisation des Nations unies (ONU), Alpha Issiaga, militant de l’Union des forces démocratiques de Guinée, a martelé : « Nous ne faisons que commencer, la recréation est finie. Faisons en sorte que seules les urnes élisent nos dirigeants en Guinée. » Les marcheurs exigent notamment la dissolution du CNRD, le départ du pouvoir du Président de la transition, le général Mamadi Doumbouya.
Dans une déclaration, le Parlement citoyen de l’engagement civique de l’Amérique du Nord a exprimé son « rejet catégorique » du projet de nouvelle Constitution, arguant que le texte est loin de répondre aux aspirations du peuple de Guinée. « C’est un outil taillé sur mesure qui verrouille le pouvoir, garantit l’impunité. Le mandat de sept ans renouvelable une seule fois constitue un danger vers l’autoritarisme », flétrit un responsable du mouvement.
La marche s’est terminée aux abords du siège de l’ONU où Amadou Diallo, le coordinateur des FVG aux États-Unis, a pris la parole : « Les militaires qui nous ont promis des réformes sont en train de nous montrer leur vrai visage : corruption, violence, brutalité et peur. Ils ont pris le pouvoir pour détruire la justice. La junte tue, kidnappe et réduit des gens au silence ou les contraint à l’exil. Celui qui dénonce cela est pourchassé. Nous refusons que les Guinéens soient emprisonnés, kidnappés. Trop c’est trop ! » Et d’ajouter que « le silence » de la Communauté internationale est « une complicité. […] Des sanctions doivent être prises contre la junte et le gouvernement. »
Angola entre dans la danse
Plutôt que de désespérer, le coordinateur des FVG a exhorté les Guinéens à l’union pour libérer le pays. « Nous n’arrêterons pas de nous battre pour la démocratie, la liberté et pour le peuple de Guinée. Nous sommes face à une candidature verrouillée qui exclut certains acteurs politiques importants », s’offusque-t-il.
Au lendemain de la manifestation à New York, d’autres Guinéens ont battu le pavé à Luanda (Angola), le 14 septembre, toujours à l’appel des Forces vives de Guinée. La manifestation devait se tenir le 6 septembre, mais elle a été reportée pour cause de décès d’un Guinéen.
Des matchs de football, de la prestation artistique et des discours ont ponctué la manifestation. Les militants « pro-démocratie » ont appelé à la libération de Mamadou Aliou Bah, le leader du parti MoDel et de tous les autres activistes ou militants kidnappés. La manifestation « montre » à l’opinion nationale et internationale que les Guinéens d’Angola disent « Non » au référendum constitutionnel du 21 septembre. Reste l’expression des urnes.
Yaya Doumbouya