À 72 heures du référendum constitutionnel prévu le 21 septembre, le président du Bloc libéral (BL), Faya Lansana Millimouno ne mâche pas ses mots à l’égard de la CEDEAO, Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Face à des journaleux ce jeudi 18 septembre, l’acteur politique a fustigé l’Organisation, qu’il accuse d’inaction face aux dérives démocratiques dans la sous-région.
« La CEDEAO s’est tellement affaiblie que son simple nom inspire aujourd’hui le désespoir », a-t-il déclaré, visiblement amer. Revenant sur le passé politique récent de la Guinée, Faya Millimouno a évoqué l’échec de la CEDEAO à empêcher le troisième mandat controversé de l’ex-président Alpha Condé. Il se rappelle avoir, avec d’autres opposants, sollicité la Cour de justice de l’organisation à Abuja, pour stopper ce qu’il qualifie de « glissement autoritaire. Nous avions placé tous nos espoirs en cette cour. Elle n’a strictement rien fait », regrette le président du BL. Selon lui, cette « inaction » a contribué à la crise politique ayant finalement mené au coup d’État militaire du 5 septembre 2021.
Alors qu’une mission électorale de la CEDEAO est attendue à Conakry pour observer le scrutin référendaire, le leader du Bloc Libéral est perplexe quant à son efficacité. « Ce n’est pas une mission, c’est juste un voyage financé. » Et de désapprouver les ressources englouties dans ce type de déplacement : « Ces fonds pourraient servir à construire des ponts, des écoles ou des hôpitaux, plutôt que d’alimenter des initiatives stériles. »
Dans sa sortie, Faya Millimouno interpelle aussi l’ensemble des dirigeants de la sous-région, jugeant que la CEDEAO est en perte de vision, incapable de faire face aux réalités géopolitiques actuelles, notamment la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. « Cette alliance couvre une superficie supérieure à celle du reste de la CEDEAO. C’est un signal d’alerte fort », clame le patron du BL.
L’opposant appelle enfin à un changement de méthode de l’organisation: « Il est temps pour les chefs d’État ouest-africains de se regarder dans le miroir et de repenser complètement la CEDEAO, si l’on veut sauver ce qui peut encore l’être. »
Mariama Dalanda Bah