Wallahi, dans ce pays, le moulin à paroles est une espèce rare mais bruyante. On dirait un haut-parleur possédé par un esprit : il ne s’arrête jamais, même quand tout le monde a déjà compris… que personne n’a rien compris. À fakoudou !

Ces messieurs-dames confondent « conférence de presse » et « concours d’endurance vocale ». Ils parlent trois heures pour dire qu’ils vont créer « un comité de réflexion »… Hé Kéla ! Comité de réflexion sur quoi ? Sur comment réfléchir ? Nous, on Chen fout carrément, horizontalement, verticalement.

Le minustre bavard a un don : il réussit à transformer le silence en supplice, et le micro en kalachnikov. Tu sors de sa conférence avec la tête gonflée comme une pastèque ensoleillée. Et le plus drôle ? Plus il parle, plus il s’enfonce. Mais lui, il croit qu’il s’élève !

Bref, ces bavards officiels sont comme des générateurs chinois : ça fait du bruit, ça fume, mais au final, tu restes toujours dans le noir.

Le jour où un de nos minustres dira quelque chose d’utile en deux phrases… Wallahi, la Guinée entrera directement dans le G7.

Mes amis, le référendum a craché ses résul-tares. On s’attendait à des cris de liesse dans Cona-cris, des danses improvisées, des feux d’artifice qui déchirent le ciel comme un papier d’emballage. Mais nada ! Silence total. Pas même une casserole qui résonne.

Sauf… à la maternité de Donka. Là, surprise ! Les nouveau-nés ont éclaté de rire en apprenant la nouvelle. Hé Kéla ! Ces Guinéens en format miniature se sont demandés, les yeux encore collés de sommeil :

— « C’est ici qu’on nous a envoyés ? »

Wallahi, même un nourrisson sent que quelque chose cloche en Guinée.

Pendant ce temps, les grandes personnes, elles, ont reçu les chiffres comme on avale une mangue verte : ça pique, ça gratte, mais tu dois sourire, sinon on dit que tu es un mauvais citoyen. À fakoudou !

Dans certains quartiers, les vieilles mamies, pour faire semblant d’être contentes, ont applaudi avec les pieds, histoire d’économiser leurs mains fatiguées.

Et juste avant, il y avait ce minustre « moulin à paroles », un champion du marathon vocal. Il a expliqué le résultat pendant des heures, avec des mots tellement spéciaux que même le dictionnaire a demandé une pause-café. Au final, tu n’as rien compris, sauf qu’il fallait comprendre ce que tu n’as pas compris.

Quant aux électeurs, certains cherchaient encore leur nom sur les listes, même après la proclamation. D’autres faisaient les comptes avec leurs doigts :

– « 89 %, ça veut dire quoi ? »

Un voisin lui a soufflé :

– «Ça veut dire qu’on a voté pour toi à ta place, et que tu as gagné sans savoir.»

Bref, on voulait un référendum historique, on a eu une histoire de référendum. Et l’histoire retiendra surtout la rigolade des bébés : la seule réaction honnête dans tout ce grand cinéma.

Le jour où un scrutin fera vraiment rire les adultes autant que les nourrissons… Wallahi, la Guinée deviendra le pays le plus heureux du monde.

Bref, ce référendum, c’était comme une partie de cartes où le croupier connaît déjà le gagnant. Les Guinéens ont regardé, ont soupiré, certains ont rigolé, d’autres ont dormi.

Mais que reste-t-il de cette victoire ? Une majorité sans surprise, une liesse en solfège mineur, un triomphe qui fait bâiller les statues. Wallahi !

Et là, Corneille, l’air sérieux comme un huissier de justice, nous sert : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » À Fakoudou !

Le référendum est passé, les chiffres ont dansé, les bébés ont ri…mais la misère, elle, est restée.

Wallahi, si ce référendum avait eu un cœur, il aurait pris au moins un paquet de difficultés du quotidien pour repartir avec. Mais non…il est reparti tout seul, laissant derrière lui le vrai suspense de la Guinée : comment survivre à la journée sans perdre son âme et son téléphone.

Aujourd’hui encore, la vraie star de la scène quotidienne se révèle: le manque d’argent. Hé Kéla ! Wallahi, ça galère partout: dans les rues, dans les marchés, même dans les rêves des Guinéens. Les portefeuilles sont plus vides que les promesses électorales, et les billets de banque se font rares comme des poissons dans le désert.

Et les banques ! Hé Kéla ! Elles brillent de leur façade neuve, mais à l’intérieur, c’est le théâtre du désespoir. Les caissières, stoïques, disent « pas de liquidités », et tu comprends vite que même ton compte bancaire te fait un doigt d’honneur. On Chen fout !

Ah les amis, la crise de liquidités ! Les citoyens jonglent avec des billets rares comme des trapézistes. Et la Banque Centrale, elle… Wallahi, elle semble avoir oublié qu’elle est là pour gérer l’argent des Guinéens ! À fakoudou !

Entre ses bureaux majestueux et ses employés au costume impeccable, pas de solution. Que tchi, que pouic, peau de balle !

On commence à se demander: et si on privatisait cette Banque Centrale ? Oui, qu’on la vende à un riche consortium avec un bon PDG qui comprend les calculs simples: argent = distribution. À fakoudou !

Peut-être qu’avec un peu de capital privé, les Guinéens auraient enfin de quoi payer le riz et le haricot, le taxi et les frais de logement qui explosent.

Mes amis, il faut croire que les miracles existent. Comme celui qui nous est parvenu la semaine dernière: on s’est réveillés riches, plus riches que tous les pays francophones d’Afrique sub-saharienne… sauf les Y-voient-rien. Hé Kéla !

Et moi qui avais dormi sans un kopeck, j’ai ouvert mon porte-monnaie pour vérifier si la manne y était tombée. Rien. Nada. Même pas un petit billet pour me consoler. Le miracle annoncé par les journaux n’avait pas jugé bon de venir jusqu’à mon portefeuille.

Et pourtant, tout le monde célèbre la Guinée, devenue prospère et riche sans prévenir ses citoyens. Alors que moi, je continue de contempler mon portefeuille vide, fidèle mais impuissant, comme une banque personnelle dans un pays qui rêve de grandes fortunes. Wallahi !

Après tout, le porte-voix du gouv, Ousmane Gaou, pourrait bien nous envoyer le communiqué officiel :

– «Nous sommes riches, prospères et heureux… mais merci de continuer à galérer, ça fait partie du charme national. » Hé Kéla !

Et nous les citoyens, on continuera de sourire, de soupirer et de se demander si, un jour, quelqu’un inventera la potion magique qui transforme le bruit de nos ministres en véritable développement, les promesses en pain, et les votes en rires d’adultes. À fakoudou !

Mes amis, bienvenue dans la Guinée en pièces détachées: chacun tient son bout, et tous essaient de faire tenir le pays debout…sans perdre son souffle ni son rire. À fakoudou !

Sambégou Diallo

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Billet

Un chat m’a conté

Le Guinéen est un artiste du compromis: il met trois légumes dans un seul bol, deux idées dans une seule phrase et mille plaintes dans un seul sourire. À fakoudou !

Ce talent est si puissant qu’il pourrait réinventer le monde…s’il consentait un jour à le vivre plutôt qu’à le subir.

SD

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Billet

Le citron, ça coûte

L’orange, ça coûte

La banane, pareil

La viande est wanted

Tout est coté, tout est coûteux

Tout monte

Seul le pouvoir d’achat tombe

L’espoir aussi

Le vent circule

Tout le monde respire

À part ça, tout est figé

Seule la mer avance

Merci mon général.

 SD