Le 27 septembre, le Président de la transition a fixé la date de la présidentielle au 28 décembre prochain. Une annonce qui marque un tournant décisif dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel, après quatre longues années d’atermoiements.
Il aura fallu attendre quatre ans pour assister à une véritable accélération du processus de retour à l’ordre constitutionnel. Désormais, la junte au pouvoir semble résolue à sortir de la transition en marche forcée.
En moins d’une semaine, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a fait avancer le processus politique à une vitesse inédite. Ce qui contraste avec l’immobilisme qu’on a connu jusque-là. Cette diligence cadre avec l’engagement du chef de la junte, Mamadi Doumbouya, de faire de 2025 une année électorale. Une promesse longtemps jugée illusoire, tant les signaux envoyés ces derniers mois laissaient présager un énième glissement de la transition qui était censée durer deux ans. Certains membres du gouvernement, eux-mêmes, n’étaient catégoriques que sur la tenue cette année du référendum constitutionnel, reléguant les autres scrutins, dont la présidentielle, à plus tard. Mais les lignes bougent.
Un calendrier éclair
Après le référendum du 21 septembre, organisé dans des conditions controversées, les autorités ont enchaîné les décisions : validation des résultats du scrutin par la Cour suprême, promulgation de la nouvelle Constitution, adoption et promulgation du Code électoral, puis décret présidentiel fixant la date de la présidentielle au 28 décembre. En moins d’une semaine !
Dans la foulée du scrutin référendaire, le ministère de l’Administration du territoire a proclamé la victoire du « Oui », avec un score à la soviétique. La Cour suprême a validé ces résultats sans appel. Son président, Fodé Bangoura, a rejeté les recours des partis d’opposition, le Bloc libéral et le Bloc pour l’alternance en Guinée, qui n’auraient apporté « aucune preuve tangible d’irrégularités ». Selon le magistrat, même si le vote a été entaché d’anomalies, celles-ci ne suffiraient pas à « compromettre la sincérité du scrutin. »

Le président de la transition ne perdra pas de temps à promulguer la nouvelle Constitution, coupant ainsi l’herbe sous les pieds de ses opposants. Il met également, de ce fait, un terme à l’application de la Charte de la transition, laquelle interdisait toute candidature des actuels dirigeants aux différentes élections.
Candidature certaine
La Guinée dispose désormais d’un nouveau texte constitutionnel, comme l’a fièrement annoncé Amara Camara à la tribune des Nations unies.
Le 27 septembre à 2h du matin, le président du Conseil national de la transition (CNT), Dansa Kourouma, a convoqué une session plénière « exceptionnelle » pour l’adoption du nouveau Code électoral. Les conseillers ont approuvé le texte dans la nuit, à une large majorité des présents ; avec un seul vote contre et une seule abstention.
Le même jour, le texte a été promulgué. « Avec cette nouvelle Constitution et ce Code électoral, nous passons de la Charte de la transition à un véritable ordre constitutionnel », s’est félicité pour sa part Dansa Kourouma.
Et la fixation, quelques heures plus tard, de la date de la présidentielle au 28 décembre vient confirmer les engagements du Premier ministre faits en mai dernier à Abidjan, à l’occasion de l’Africa CEO Forum. Toutefois, le parachèvement de la transition comme le promettaient Amadou Oury Bah et, cinq mois avant lui, Mamadi Doumbouya, ne se fera pas en 2025. La tenue des autres scrutins (législatifs, communaux et communautaires…) repoussée sine die.
Si le calendrier électoral semble désormais clair, des inquiétudes et interrogations subsistent. Dans ce contexte verrouillé, la perspective d’une candidature de Mamadi Doumbouya devient de plus en plus certaine.
La transition atteint son point de bascule. Reste à savoir si l’imminent retour à l’ordre constitutionnel sera le fruit d’un véritable processus démocratique.
Yacine Diallo