L’ex-Prési Alpha Grimpeur et La Petite Cellule Dalein Diallo ont célébré, hors du bled et à coup de déclarations au vitriol, le 67e anniversaire de l’accession de la Guinée à la souveraineté nationale. Occasion pour l’un, de demander pardon au populo ; pour l’autre, de tancer les autorités guinée-haines. 

Le 2 Octobre est une affaire de tous : autorités, populo, opposants exilés… La fête rassemble, rapproche, saufs les adversaires poétiques. De son exil doré turc, Alpha Grimpeur, renversé le 5 septembre 2021, s’adresse aux Guinéens en se prenant toujours pour leur Prési. Il le fait, dit-il, le cœur plein de chagrin et avec « un sens aigu de responsabilité ».

En 2010, Alpha Grimpeur se souvient encore d’avoir hérité d’un pays, pas d’un État, laminé par une décennie d’instabilité et de fragilité. « Les institutions étaient minées par la corruption, les services sociaux délabrés, l’économie en panne, les routes impraticables. L’électricité était inexistante, l’agriculture abandonnée, la jeunesse condamnée au chômage ou à l’exil. La Guinée vivait dans une précarité et une incertitude qui empêchaient tout espoir collectif », égrène-t-il.

Mais qu’a-t-il fait, lui, en onze ans de règne ? Alpha Grimpeur brandit les barrages de Kaléta et de Souapiti qui auraient « multiplié par trois la capacité nationale, donnant espoir d’une autosuffisance et d’une exportation régionale. Le barrage d’Amaria était en cours de construction. L’interconnexion de la région forestière avec la Côte d’Ivoire était déjà acquise. Celles du Libéria, de la Sierra Leone et du Mali étaient en cours, avec perspectives d’extension et de constructions d’autres barrages pour couvrir le territoire national. »

Dans les secteurs de la Santé, Alpha Grimpeur affirme avoir construit, équipé ou rénové des hôpitaux, des centres et postes de santé. Il se targue d’avoir revalorisé les salaires des gens-saignants. Même que la « Guinée pouvait redevenir un acteur majeur » sur la scène africaine et internationale.

Paf, le putsch !

Sauf que le 5 septembre 2021, « le chemin a été brisé. Au nom de promesses de justice et de refondation, un groupe de bandits a manipulé nos enfants pour prendre en otage notre pays en versant le sang de beaucoup d’innocents qui étaient au service de la République. Depuis quatre ans, la situation de notre pays est plus que dramatique. La démocratie a été enterrée, les institutions confisquées. »

Sur le plan des droits humains, l’ancien Prési de la Roue-publique dénonce arrestations, détentions arbitraires, enlèvements brutaux et disparitions forcées. À cela s’ajoutent « une justice aux ordres, la peur et la terreur avec l’interdiction de toute contestation. La corruption et l’enrichissement illicite au détriment des citoyens ont pris une ampleur dépassant tout entendement. La pauvreté et le chômage aggravés, la population vive dans le désespoir. »

Mea-culpa

Alpha Grimpeur jure, la main sur le palpitant, qu’aucun nouveau projet d’envergure n’a vu le jour depuis qu’il a été éjecté du trône. Les grands chantiers qu’il a lancés « ont été désorientés et désarticulés pour servir des intérêts mafieux au mépris de l’intérêt général. En lieu et place de la refondation annoncée, nous vivons la désolation et la peur. La Guinée a souffert, mais elle n’est pas vaincue. Notre drapeau flottera toujours comme symbole de courage, de richesse et d’espérance. » Amen !

Durant onze ans de règne, Alpha Grimpeur n’a pas badiné avec la répression des manifestations sociopolitiques. Des centaines des jeunes manifestants ont été fauchés par balles à Cona-crimes, notamment sur l’Axe Leprince. L’illustration : le carré des martyrs au cimetière de Bambéto, où s’est recueilli le général Mamadi Doum-bouillant, à son arrivée au pourboire en septembre 2021.

Le Prési déchu, Alpha Grimpeur, clame avoir dirigé dans un contexte politique émaillé d’incessantes manifestations politiques « qui ont malheureusement enregistré des victimes dans nos familles. Je voudrais, encore une nouvelle fois, adresser mes condoléances à leurs familles, prier pour le repos de leurs âmes et demander pardon au nom de l’État guinéen. »

La touche Dalein

La Petite Cellule Dalein Diallo, naguère opposé à Alpha Grimpeur, semble être sur la même longueur d’onde. Tous deux exilés, leurs partis politiques (Rpg et Ufdg) sont suspendus. Les deux se coalisent au sein des Forces vives de Guinée contre la gestion de la transition.

Dans son laïus à l’occasion du 2 Octobre, la Petite Cellule Dalein Diallo s’est aussi adressé aux Guinéens qu’il aspire aujourd’hui comme jamais diriger : « Nous avons un destin prestigieux à bâtir, à consolider et à transmettre aux générations futures. Je suis convaincu que le peuple de Guinée ne se résignera jamais à subir un régime qui opprime, tue et terrorise ses enfants. Je connais vos craintes : chômage, injustice (…) Je connais aussi votre aspiration profonde à une Guinée libre, juste et fraternelle. Vous êtes capables de la construire, elle est à votre portée. »

Pour conclure, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée rend hommage aux pionniers de l’indépendance, ainsi qu’aux diplomates et soldats ayant appuyé les mouvements de libération africains dans le combat pour la décolonisation du continent et contre l’apartheid en Afrique du Sud.

Yaya Doumbouya