Sory Kandia Kouyaté, « La voix » de la Guinée indépendante, est célébré par son fils Kaabi dans un album hommage intitulé Tribute To Kandia. Ce projet, inspiré par le film La trace de Kandia, rassemble des musiciens de renom pour faire revivre la musique de ce griot guinéen.

Sory Kandia Kouyaté (1933-1977) fut « La voix » de la Guinée indépendante. Descendant de Balla Fasséké Kouyaté, l’illustre djeli (détenteur de la tradition orale d’un peuple) de Soundiata Keïta, le fondateur de l’Empire du Mandingue, initié à la musique (notamment au ngoni) et à la complexe généalogie mandingue par son érudit de père, il rejoint très tôt la cour royale de Mamou où ses dons vont faire merveille.

C’est à ce baobab de la chanson guinéenne qu’un de ses fils, Kabiné Kandia Kouyaté, alias Kaabi, consacre cet hommage. Un projet suscité par le réalisateur Laurent Chevallier qui réalisa La trace de Kandia, dans lequel Kaabi revenait en Guinée sur les traces de son père, à la rencontre des lieux et des témoins de sa légende.

Kaabi évoque cette époque, celle où les griots avaient l’oreille des puissants : « Le griot a un peu perdu sa place. Pourquoi ? Du temps de nos aïeux, les griots étaient les conseillers des chefs d’État, surtout du côté mandingue. Pour toutes les prises de décisions, que ce soit au niveau de l’État ou de l’Afrique, il y avait toujours la consultation des griots. Mon père n’était pas là pour soutenir Sékou Touré (président de 1958 à 1984, NDLR), mais il était son conseiller. Il lui disait ce qu’il n’aimait pas entendre. Et Sékou Touré était à l’écoute de ça. Il invitait le père de Toumani Diabaté – Sidiki Diabaté –, le père de Ballaké Sissoko dans une veillée jusqu’à 5h du matin. Il ne partait pas à la présidence, c’est Sékou Touré qui venait à la maison. On lui disait ce qu’il devait faire, ce qu’il devait dire dans les grandes conférences, que ce soit de l’OIA, de la Cédéao ou bien en Guinée. On lui portait des conseils : « voilà ce qu’un chef doit faire et comment tu dois respecter les gens qui sont sous ta responsabilité ». Aujourd’hui, ce côté-là est oublié. »

Pour cet album, Kaabi s’est entouré de fidèles : Badje Tounkara (ngoni), Ballaké Sissoko (kora), Lansine Kouyaté (balafon), Jean-Philippe Rykiel (piano), Aminata Camara, qui fut choriste de son père. Sans oublier bien sûr la maîtresse-voix de Kaabi Kouyaté.

Tribute To Kandia est sorti chez Buda Musique.

Par RFI