Déjà malmenée par la fermeture de médias audiovisuels privés décidée par le ministre de la Communication en mai 2024, la presse guinéenne fait l’objet de nouvelles menaces depuis la rentrée. Coup sur coup ces dernières semaines, le père d’un journaliste réputé a été enlevé et un célèbre animateur télé a été interpellé.
Des accusations trompeuses, l’obligation de s’autocensurer et des proches qui disparaissent : alors qu’elle était déjà aux abois, la presse guinéenne subit une nouvelle série d’intimidations depuis la rentrée.
Déjà poussés au chômage ou à l’exil par la fermeture de médias audiovisuels privés unilatéralement décidée par le ministre de la Communication il y a un peu plus d’un an, les journalistes guinéens n’en continuent pas moins, en effet, de voir la pression sur eux s’accentuer.
Après l’enlèvement fin septembre du père du célèbre journaliste Mamoudou Babila Keïta qui a suscité un vif émoi tant sur les réseaux sociaux qu’au sein de la profession, un célèbre animateur et chroniqueur télé a lui été arrêté, au début du mois.
Refusant de s’enfermer dans l’omerta au risque de faire l’objet de représailles, Djiba Millimono a été interpellé peu avant la célébration de la fête nationale, le 2 octobre. Son tort ? Avoir pris fait et cause pour Mamoudou Babila Keita face à une influenceuse connue sous le nom de Maya La Solution.
Djiba Millimono « dénoncé » aux gendarmes par Maya La Solution
Suivie par près de deux millions d’internautes, cette dernière – totalement acquise au général Mamadi Doumbouya – avait publié une vidéo le jour du rapt du père de Mamoudou Babila Keita dans laquelle elle se félicitait du sort réservé au vieil homme porté disparu. Interpellée sur son attitude par Djiba Millimono, elle l’a ensuite « dénoncé » aux gendarmes qui l’ont maintenu en détention pendant près d’une semaine.
À la suite des enlèvements qui ont eu lieu dans le pays et de la suspension intempestive de plusieurs médias sanctionnés par la Haute autorité de la communication (HAC) – le gendarme du secteur -, de nombreux journalistes qui ont requis l’anonymat ont par ailleurs confié à RFI s’imposer une autocensure depuis plusieurs mois.
Par RFI