Depuis plusieurs jours, une pénurie d’essence paralyse la capitale guinéenne. Lundi 13 octobre, les stations-service de Conakry ont connu une forte affluence dans la matinée, avant de se vider complètement dans l’après-midi, faute de carburant disponible.
Mardi 14 octobre, devant les stations-service de Ratoma, Dixinn ou Kipé, de longues files de motos et de voitures se sont formées. Des conducteurs, impatients et fatigués, se disputaient les rares litres d’essence encore disponibles. Certains attendaient depuis l’aube, espérant que les pompes rouvriraient.
Mais dès la mi-journée, la situation a radicalement changé. Les stations se sont vidées, faute de carburant. Devant certaines pompes, il ne restait que les agents, assis sur les rebords, attendant une livraison. À Kipé, un travailleur de la station T2 confie : « Ce matin [14 octobre], il y avait une bousculade, mais vers midi, on nous a dit qu’il n’y avait plus rien. On attend une livraison, peut-être ce soir. » Son supérieur affirme qu’un réapprovisionnement est prévu, mais sans certitude sur l’heure exacte. Dans d’autres quartiers, comme Kaporo-rails, le constat est identique. « On ne sait pas quand on aura de l’essence, personne ne nous informe », déplore un agent de service, impuissant face aux usagers en colère.

La crise d’approvisionnement s’expliquerait, selon plusieurs sources, par les répercussions d’une récente grève des chauffeurs des camions-citernes, qui réclamaient de meilleures conditions de travail. D’autres évoquent un retard de dépotage du bateau transportant le carburant au port autonome de Conakry, une opération qui n’aurait repris que dimanche 12 octobre.
En attendant une communication officielle de la Société nationale des pétroles (SONAP), les effets se font déjà sentir sur le terrain. Les transporteurs sont contraints de réduire leurs trajets ou d’augmenter les tarifs, au grand désarroi des citoyens.
« Ce matin, j’ai fait la queue pendant deux heures pour deux litres. Cet après-midi, il n’y avait plus rien. Comment travailler dans ces conditions ? », se plaint Mamadou Saliou, un conducteur de taxi-moto, rencontré à Kipé.

Un autre citoyen qui a requis l’anonymat estime que la situation traduit un déséquilibre dans la gestion des priorités nationales : « On met tout sur les grands projets comme Simandou, alors que les besoins de base des populations sont négligés. C’est incompréhensible. »
En attendant un retour à la normale, les citoyens s’adaptent tant bien que mal. Entre files d’attente interminables et déplacements limités, chacun tente de trouver une solution pour continuer à vaquer à ses occupations. Mais tous espèrent une seule chose : que l’essence revienne, et vite.
Aissatou Bah (stagiaire)