La date de la présidentielle fixée au 28 décembre, quelques partis outsiders commencent à annoncer leur candidature. Sauf que le code électoral qui réglemente la compétition est indisponible, le Gêné-râle Mamadi Doum-bouillant tarde à sortir du bois et dévoiler ses intentions, et les grandes formations politiques risquent la disqualification.

L’alinéa 2 de l’article 46 de la nouvelle Constitution prévoit que « le décret pris en Conseil des ministres, après consultation de l’Organe technique indépendant en charge de la gestion des élections » fixe le jour du scrutin à trois mois de l’échéance au plus tard. Ainsi donc, le 27 septembre, jour où le Doum-bouillant a fixé la date du scrutin présidentiel au 28 décembre était le délai de rigueur à ne pas dépasser.

Sauf que le Code électoral, adopté nuitamment et précipitamment par le CNT, promulgué dans la foulée par le Prési de la transition, est encore indisponible. Se Benoit-il dans les paperasses de Kamano, le ministre Secrétaire gênant du gouvernement qui a la lourde charge de le publier dans le Journal officiel de la République ? Ou veut-on ainsi creuser la langueur d’avance entre le candidat au pourboire et ses adversaires en dissimulant les règles du jeu ? Même Toto sait que les dés sont pipés d’avance.

Candidats déclarés et non

Sans avoir décodé le code électoral, certains particules politiques ont commencé à s’agiter. C’est le cas d’Ousmane Kabako du Parti des démocrates pour l’espoir (PADES). Il a annoncé dans un communiqué la candidature de son parti à la prochaine pestilentielle. Non sans saluer « la bonne tenue du scrutin référendaire pour lequel il avait appelé à voter oui » et féliciter le chef de la junte et son goubernement pour « la mise en œuvre de grands projets structurants, capables de réaliser le potentiel de croissance économique du pays. » Il faut dire que depuis un certain temps, l’économiste et fondateur d’université fait…profit bas.

L’Union pour la défense des intérêts républicains (UDIR) a décidé également, à l’issue d’une réunion le 4 octobre, de présenter la candidature de son boss Bouya Konaté. Lors de la dernière présidentielle de 2020, le PADES et l’UDIR avaient glané respectivement 1,19 % et 0,18 % des suffrages exprimés.

Quant à Faya Mini-mono, il laisse encore planer le doute sur la participation ou non du Bloc libéral. Le BL avait invité ses militants à voter non au référendum constitutionnel du 21 septembre, se désolidarisant ainsi de l’appel au boycott des Forces ivres de Guinée. Va-t-il rééditer cela au prochain scrutin ? Attendons de boire.

Autre indécis, l’Union démocratique de Guinée (UDG). Son patron, Mamadou le Scylla de Dixinn-Bora, dira s’il ira après consultation au sein du parti.

Pour sa part, l’Union pour le progrès et le renouveau (UPR) devrait se décider à l’issue de son congrès donné imminent. D’ici-là, gare aux spéculateurs prompts à annoncer la candidature de Bah Oussou Koutchioun. Prudence est mère de sûreté, dit l’adage.

Demeurent un faux suspense et une grande incertitude : le Gêné-râle Mamadi Doum-bouillant se hâte toujours lentement, à propos de l’officialisation quasi certaine de sa candidature. On l’attendait sur le sujet lors de son adresse à la Nation à l’occasion de la Fête nationale du 2-Octobre. Mais il nous a fait faux bond.

Les éliminatoires

Toutefois, le processus de disqualification de ses redoutables concurrents ne souffre d’aucune ambiguïté. L’ancien Prési Alpha Grimpeur, qui continue de piloter le RPG Arc-en-ciel, et le leader de l’UFR, le Sid Touré, se débattent avec la limite d’âge de 80 ans prévue à l’article 45 de la Constitution. Né en 1945, le Sid Touré sera encore dans la limite d’âge en décembre, donc « éligible », rétorque un membre de l’UFR.

Alpha Grimpeur, la Petite Cellule Dalein Diallo de l’UFDG et le Sid Touré sont tous en exil. Et la même constitution impose au candidat à la prochaine présidentielle de résider en Guinée et « d’être présent sur le territoire national, depuis le dépôt de sa candidature jusqu’à la proclamation des résultats définitifs, sauf cas de force majeure dûment constaté par la Cour constitutionnelle. »

Un des rares opposants critiques restés en Guinée, le jeune leader du Mouvement démocratique libéral (Model) aura un an de gnouf (sur deux) au moment où les Guinéens éliront leur nouveau président de la République le 28 décembre. Aliou, qui Bah de l’aile, purge une peine pour « offense et diffamation » à l’encontre du Grand Timonier.

Mais il n’est pas le seul aspirant logé, tous frais payés, à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie. Il y côtoie des dignitaires du régime déchu, comme l’ancien PM Ibrahima Cas-Sorry Fofana ou encore l’ex-Prési de l’Assemblée nationale Amadou Damaron-ron Camara. Tous deux condamnés pour quelque chose ; tout le monde voulait s’asseoir sur le kibanyi présidentiel.

Diawo Labboyah