En cette fin d’année 2025, des mouvements de jeunes contestateurs ont éclos et essaimé à Madagascar et au Maroc, comme une génération spontanée. Les médias et les observateurs les ont baptisés « Génération Z » ou « Zoomers » ou encre « Digital native ». Cette population d’ados et de jeunots, née entre 1997 et 2012, grandi avec Internet et les réseaux sociaux, se distingue par sa conscience sociale, sa recherche de sens et son utilisation des technologies pour l’activisme. Cela a non seulement modifié leurs comportements de consommation, mais aussi leur manière d’interagir avec le monde qui les entoure.

Contrairement aux générations précédentes, il est généralement établi que la Génération Z privilégie la transparence et l’authenticité dans ses relations. Au travail, la Génération Z apporte une vision nouvelle. Elle recherche un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, plaçant le loisir et l’épanouissement au cœur de sa préoccupation. Plutôt que de s’engager dans des carrières linéaires, elle préfère des missions variées qui lui permettent de développer ses compétences tout en évitant la monotonie. Cette aspiration à un travail significatif et à un environnement flexible reflète une volonté de réinventer le monde professionnel, en s’inspirant des erreurs et des défis rencontrés par les générations précédentes. C’est bien cette contradiction entre ce monde des Zoomers et le monde contraignant de leurs ainés qui heurte les jeunes Z et les poussent à la révolte à Madagascar et au Maroc. Comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, on ne peut pas exclure que ce puissant mouvement de jeunes ébranle d’autres États.

À Madagascar, la Génération Z, par un puissant mouvement répétitif, fustige les carences notoires de la mauvaise gouvernance telle que les récurrentes défaillances du réseau électrique et d’adduction d’eau, privant régulièrement d’électricité et d’eau les populations des grandes agglomérations du pays. Aussi, l’inadéquation de la formation à l’emploi et les mauvais choix économiques sont décriés, parce qu’ils créent et exacerbent le chômage, fléau mortifère pour la jeunesse.

La puissance, la persistance et la pertinence du mouvement lui ont valu l’adhésion et la popularité requise par sa victoire. Avec l’appui des militaires, le mouvement est parvenu à renverser le régime du Président Andry Rajoelina et a contribué à faire du Colonel Michael Randrianirina, le Président de la refondation. Ce dernier a désigné un Premier ministre en la personne de Herintsalama Rajaonarivelo, venu des milieux d’affaires, profil souhaité par la Gén Z.  

Au Maroc, les récriminations de la Gén Z sont portées par des revendications identiques à celles de Madagascar. Les défis de formation, d’emploi et d’adéquation entre la formation et l’emploi ainsi que de pouvoir d’achat demeurent très préoccupants. Ces temps-ci, le coût abyssal des infrastructures sportives de la CAN et de la Coupe du Monde de football est considéré comme un financement à fonds perdu, plutôt des dépenses de prestiges que d’investissement. D’aucuns même considèrent ces projets comme des éléphants blancs et que ces dépenses onéreuses auraient pu significativement améliorer les services sociaux de base (santé, éducation) et contribuer à créer des emplois pour les jeunes. Ce mouvement met sérieusement en mal, voire en péril le gouvernement du royaume chérifien dont le limogeage est régulièrement réclamé par les Gen Z. En vain ? Wait and see !

Abraham Kayoko Doré