Le 12 novembre, la Basse-Cour suprême a publié la liste définitive des candidats à la sélection présidentielle du 28 décembre. La plus haute juridiction du bled, confirmant ainsi la liste provisoire publiée cinq jours plus tôt, a royalement ignoré les requêtes des ceux dont les dossiers ont fini à la poubelle.
Les principales formations de l’opposition (UFDG, RPG, UFR…) écartées pour ne pas faire de l’ombre au candidat du CNRD, les outsiders politiques voulaient se positionner. Lansana Kou-raté du PEDN, Ousmane Kabako du PADES, Mory Ka-bat (de l’aile) de l’AGN et autres se voyaient déjà en campagne, communiant avec leurs soutiens.
C’était compter sans le filtre de la Basse-Cour suprême. Celle-ci a balayé leurs candidatures d’un revers de main. Sans sourciller. Grande fut donc la surprise de ces politicards, pourtant pour la plupart bienveillants envers Doum-bouillant et son CNRD, ces quatre dernières années. Comme sonnés, ils peinent encore à se remettre du coup K.O reçu en plein visage. Certains recalés jurent sur tous les sains avoir été délibérément écartés.
Le PADES enrage
Aucune trace du nom d’Ousmane Kabako dans la liste provisoire des candidats retenus, publiée le 8 novembre. La Basse-Cour suprême le justifiait par l’absence d’une fiche d’identification dans le dossier de candidature. Au départ, le PADES ne voyait pas de feu au lac et espérait se racheter dare-dare. Sauf que le délai légal de publication de la liste définitive se rétrécissait comme peau de chagrin, rendant tout rattrapage difficile.
Au PADES, on pointe un doigt accusateur sur la Direction gênante des sélections : « Le motif évoqué par la Cour suprême n’est pas valable. Après analyse, nous dénonçons un complot de la DGE », riposte Aboubacar Big-up Ka-bas (niveau), chargé de Com digitale du parti. « Il n’a jamais été question d’une fiche d’identification, poursuit-il, très amer. Aucun candidat n’en a reçu. Nous avons fourni les neuf documents exigés. C’est un complot pour éliminer notre candidature. C’est aberrant ! Et cela en dit long sur l’issue de cette élection. » Réveil tardif.
L’opposant en profite pour décocher des flèches contre la Basse-Cour suprême : « Si elle savait que le délai [pour déposer de nouvelles pièces du dossier] était expiré, pourquoi demander aux candidats d’introduire des requêtes ? Elle reconnaît que nous avons rectifié le tir, mais nous parle ensuite d’expiration de délai. Où est la logique ? »
Toumba, mal recalé
La candidature de Lansana Kou-raté, prési du PEDN, a été rejetée pour manque de déclaration authentifiée de ses biens. Mohamed Cissé, chargé de Com du Parti de l’espoir pour le développement national, se veut stoïque : « Nous traversons un moment difficile, mais ce sont ces moments qui distinguent les grandes organisations. […] Notre combat est noble, notre foi demeure inébranlable. »
Le PEDN tourne la page et rêve de lendemains plus radieux : « Lorsque viendra l’aube du renouveau, le fanion de l’espoir flottera fièrement sur le palais présidentiel », clame, un brin de poésie, Mohamed Cissé.
Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba rêvait aussi de briguer la magistrature suprême. Le bidasse, condamné dans le procès du massacre du 28-Septembre 2009, n’a pas vu sa candidature retoquée à cause de son casier judiciaire, mais pour absence de certificat médical. Son avocat (sans vinaigrette), Paul Yomba Courroux-mat, se décharge sur le Garde des Shows : « Le Collège médical l’attendait, mais le ministère de la Justice s’est opposé à sa présentation. C’est très grave. Les textes sont clairs : il pouvait sortir sous escorte. » Il pouvait même sortir seul.
Yacine Diallo


