Le Gouvernement a lancé, jeudi 27 novembre à Conakry, la première phase de restitution des droits fonciers aux victimes des déguerpissements de Kaporo-rails, Kipé 2 et Dimess, avec la remise officielle d’un premier lot de 600 titres fonciers individuels. La cérémonie, présidée par le Premier des ministres, Amadeus Oury Bah, a marqué un moment symbolique, notamment avec la remise du tout premier titre foncier au président du collectif des victimes.

L’événement a réuni plusieurs ministres dont celui de l’Usurbanisme et de l’Habitat Mory Con(.)dé. Des cadres (en bois) de l’administration, la Gouv des ordures ménagères de Conakry, les autorités communales de Ratoma et de Wonkifong, l’ambassadeur du Royaume du Maroc, la dirlo de la SONAPI, des partenaires techniques et financiers ainsi que de nombreux représentants des familles concernées étaient également présents.

Dans son laïus, le Premier des ministres a salué un moment fort pour l’État guinéen dans son engagement pour la justice sociale et la réconciliation. « Aujourd’hui, c’est un grand jour pour l’État de montrer que l’État de la refondation est fortement engagé, conformément aux recommandations des assises nationales de 2022, d’aller jusqu’au bout dans la dynamique de réconciliation nationale. » Il a souligné l’ampleur des drames humains causés par les déguerpissements successifs de Kaporo-rails, Kipé 2 et Dimess. « Je pense à ceux qui ont vu leurs familles complètement disloquées, à une génération de jeunes gens qui se sont retrouvés sans foyer, obligés de survivre. Aujourd’hui, on ne peut pas réparer totalement les dégâts que vous avez subis, ceux qui sont vivants aujourd’hui et ceux qui ne le sont pas. Mais néanmoins, de vous dire qu’en guise de compensation modeste, ce n’est qu’un geste symbolique pour dire qu’il faut tourner le regard vers le futur et reconstruire. »

Un processus de réparation engagé
Répondant aux questions des journalistes, le ministre de l’Usurbanisme et de l’Habitat insalubre, Mory Con(.)dé, a rappelé l’historique douloureux des expropriations survenues en 1998, 2005, 2007 et 2019, avant de souligner la volonté politique actuelle de réparer ces injustices. « C’est une journée assez mémorable. Les engagements du chef de l’État, qui consistent à réparer les injustices de l’État, viennent d’être réalisés […] Les titres fonciers individuels sont en train d’être remis aux 2 600 et quelques familles victimes de ces injustices », s’est-il félicité, avant de saluer la continuité du travail administratif. « C’est le moment de remercier l’ensemble des prédécesseurs qui ont travaillé sur ces dossiers. Remercier le chef de l’État et le Premier ministre Amadou Oury Bah, qui en ont fait une priorité. » Le ministre a également inscrit cette initiative dans un cadre plus large. « L’événement d’aujourd’hui fait partie de plusieurs cas de réparation d’injustices depuis le 5 septembre, à l’issue des assises nationales […] La parole de l’État, la parole publique, est en train de prendre de la valeur de plus en plus dans notre pays. »

Les victimes saluent un tournant historique
Au nom des victimes, Mamadou Samba Sow, porte-parole du collectif, a salué l’ampleur du travail accompli depuis l’attribution du site de Wonkifong, dans la préfecture de Coyah. « Nous voici réunis pour la remise officielle du premier lot de 600 titres fonciers individuels aux anciens habitants du secteur 4, situé derrière la RTG Koloma. Au cours des 14 mois écoulés, un travail acharné a été effectué par les services techniques du ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat ainsi que par la SONAPI », s’est-il réjoui, avant de marteler qu’il reste encore du chemin à parcourir, même si des engagements fermes ont été pris par le ministre. « Plus de 2 000 autres familles attendent la régularisation de leurs dossiers. Les prochaines étapes sont la poursuite de l’aménagement du site de Wonkifong et la compensation financière de l’ensemble des personnes affectées. Monsieur le ministre Mory Condé a pris des engagements fermes pour la poursuite du processus. Il a instruit les services compétents de reprendre les appels dès vendredi 28 novembre, afin de terminer l’établissement des titres restants au plus tard le 2 janvier 2026. »

Un geste salué par les familles
Enfin, le porte-voix a exprimé la reconnaissance des victimes envers les autorités. « Une fois de plus, c’est le lieu pour les victimes d’exprimer leur profonde gratitude au président Mamadi Doumbouya qui a écouté les voix des sans-voix, là où les autres ont fait couler nos larmes, lui a choisi de les essuyer. »
La cérémonie, empreinte d’émotion et d’espoir, s’est achevée par des prestations artistiques célébrant ce tournant historique pour des milliers de familles guinéennes.
Mariama Dalanda Bah


