Alors que la campagne présidentielle a été ouverte par décret du Prési Mamadi Doum-bouillant, la Haute autorité des cancans (HAC) a conféré ce vendredi 28 novembre avec dirigeants de médias et d’associations corporatives pour rappeler les règles du jeu. Dans un long laïus, le patron de l’institution de régulation de la presse guinéenne a brandi la carotte et le bâton pour garantir une sélection sans anicroches.

Démarrée avec 45 minutes de retard, la réunion convoquée la veille jeudi par un communiqué de la HAC a tiré en longueur. Mais Bouba Yacine qui a monopolisé les débats, s’exprimant pendant plus d’une heure, a trouvé les maux justes pour ménager la chèvre et le chou. Dans une Salle du 25-Août qui a refoulé du monde, le prési de la Haute autorité des cancans (HAC) s’est réjoui de la sérénité et du professionnalisme médiatique qui ont prévalu lors du référendum constitutionnel du 21 septembre dernier. Il n’y a pas de raison que les choses se passent autrement durant la présidentielle, espère-t-il, entouré des autres commissaires.

La rencontre avec les acteurs de la presse intervient à un mois de la présidentielle et le jour du démarrage de la campagne. Les médias, publics et privés, « quel que soit le support », sont invités à tenir la balance égale entre les candidats engagés dans la course. Pour ce faire, un tirage au sort est prévu dès le 29 novembre pour définir leur ordre de passage dans le journal de campagne diffusé sur les médias d’État.

Quant aux médias privés, ils sont libres de traiter les informations relatives à la campagne, y compris en faisant des émissions interactives. A condition de ne pas laisser un auditeur faire la propagande en faveur ou contre un candidat. Ils doivent également veiller à ce que ceux qui prétendent parler au nom des candidats disposent de mandat. Défense d’utiliser des images générées par l’intelligence artificielle dans l’illustration des articles de presse.

Les web TVs dans le viseur

« Ne peuvent couvrir la campagne et la présidentielle que les détenteurs de la carte professionnelle de presse en cours de validité », a réitéré Bouba Yacine Diallo. Celui-ci se targue d’avoir délivré pas moins de 1 277 cartes sur 1795 demandes reçues ; contre 101 dossiers recalés, au compte de 2025-2026. Les recalés et ceux dont les dossiers sont incomplets (au nombre de 50) peuvent faire recours.

Le prési de la Haute autorité des cancans s’est montré menaçant envers les animateurs des web TVs qui « opèrent illégalement ». Ces nouveaux médias non encore pris en compte par la loi guinéenne ne sont pas autorisés à couvrir le processus électoral. Une précédente rencontre avec l’institution de régulation a amené certains d’entre eux à se muer en site web. Mais « il y a un doyen qui s’entête. Je parlerai à un doyen pour qu’il lui parle. Si je vois son micro pendant la campagne, je portrais plainte chez le procureur et je ne me désisterai pas. […] La loi m’offre le droit d’ester en justice contre les web TVs », martèle le prési de la HAC.

Bouba Yacine s’offusque que de nouveaux patrons de médias, « qui n’ont qu’un téléphone et de la connexion internet », roulent dans des grosses cylindrées et se marient à deux femmes, alors que d’autres marchent encore à pied en 15 ans de carrière et demeurent monogames. Cela a provoqué sourire et ovations dans la salle. Naturellement.

« Nous avons décidé ensemble d’assainir la profession. Combattons les intrus. Si les web TVs avaient couvert la campagne référendaire, on n’en serait pas là. Certains sont affiliés à des politiques. On ne sait jamais ce qu’ils disent », poursuit-il, avant d’interpeller : « Les associations de presse doivent jouer leur rôle. Elles n’ont pas été constituées que pour le partage de la subvention [annuellement accordée par l’État à la presse] ». Puis de s’empresser d’ajouter : « Nous ne faisons pas de la censure, nous faisons de la régulation. »

DL