« Le matin, mon rédacteur en chef m’a envoyée à l’hôpital Ignace Deen pour enquêter sur des rumeurs de manque d’eauauquel seraient confrontés les patients. Sur les lieux, j’ai présenté mon badge à l’entrée principale du CHU, je suis rentrée et j’ai commencé à faire mon travail. J’ai croisé une dame avec un seau d’eau qui a accepté de m’accorder une interview. A la fin de notre entretien, un médecin vient m’interpeller en me demandant comment je suis entrée. Je lui ai répondu que j’ai présenté mon badge. Il me l’a retiré en me sommant de le suivre. Une fois dans son bureau il a commencé à me gronder. Quand je l’ai prié de changer de ton il rétorque: “Si c’est comme ça je t’envoie chez le DG”.
Nous sommes allés voir le Directeur Général, Dr. Awada qui m’a demandé de présenter un ordre de mission. “Non, mais j’ai un badge”. Il a séance tenante instruit ses agents de sécurité de confisquer mon badge et mon enregistreur. Dans la foulée, il a également ordonné que tout son contenu soit supprimé. Face à mon refus, les agents m’ont trimballé à la DPJ (Direction de la Police Judiciaire)
Après explications, le Directeur Central de la DPJ a expliqué aux agents qui m’y ont envoyé qu’ils n’avaient aucun droit de m’escorter de la sorte, que je ne suis pas une voleuse mais une journaliste dans le cadre de son travail. Il leur a demandé de s’excuser et de me laisser partir. » explique Mariam Kouyaté.
Cette attitude déplacéeà l’encontre de notre journaliste consterne. Elle démontre à suffisance le manque de transparence avec lequel nos structures sanitaires sont gérées et jette également une lumière nouvelle sur les soupçons de corruption, de manque d’eau potable et de nécessaires soignants qui circulent au sujet du CHU Ignace Deen. Nous espérons que cette situation relancera le débat sur la liberté de la presse en Guinée.