Le ministre soudanais de la Défense Awad Ahmed Ibn Awf a annoncé la destitution d’Omar el-Béchir, ce jeudi en milieu de journée, à la télévision d’Etat. Il a annoncé la mise en place d’un conseil militaire pour administrer le pays pendant une période transitoire de deux ans. Des milliers de personnes ont afflué sur le lieu où se tient depuis le week-end dernier un sit-in de protestation devant le siège du ministère de la Défense dans le centre de la capitale, Khartoum.
Rachid Saeed Yacoub, porte-parole de l’Association des professionnels soudanais, organe qui a lancé le mouvement de contestation en décembre dernier a demandé à ce que l’armée constitue un groupe pour discuter avec eux sur les modalités de transition. « L’armée a décidé d’agir toute seule et de se passer de nous. On demande aux Soudanais de rester dans la rue, de continuer leur sit-in devant le QG de l’armée et dans les grandes villes du pays. On ne va pas laisser l’armée diriger toute seule la période de transition. On ne peut pas se contenter d’une déclaration unilatérale de l’armée ».
Omar Hassan el-Bechir, né le 1ᵉʳ janvier 1944 à Hosh Bonnaga, il rejoint l’armée dès 16 ans, avant de combattre plusieurs fois, notamment contre Israël. Il gravit les échelons et prend le pouvoir en 1989 lors d’un coup d’Etat fomenté avec l’aide des islamistes. Dès lors, Omar El Béchir lance une purge et instaure un régime islamo-militaire. D’un côté, il soigne son appareil sécuritaire. De l’autre, il introduit la charia et abrite des terroristes, dont Oussama Ben Laden. Le Soudan devient dès lors un ‘’Etat-voyou’’, les Etats-Unis le placent sur leur liste noire. Le président soudanais n’hésite pas non plus à lancer des guerres sanglantes dans son pays, au Sud puis dans l’Ouest, au Darfour, au prix de centaines de milliers de morts.
En 2009, la CPI lance un mandat d’arrêt contre lui, pour génocide, crimes de guerre et contre l’humanité, mais le chef d’Etat effectue près de 150 déplacements à l’étranger sans jamais être arrêté. Au fil des ans, Omar el-Béchir avait abandonné le soutien aux islamistes et Washington avait allégé ses sanctions. Le président soudanais continuait malgré tout, les discours enflammés contre ses vieux ennemis occidentaux.