Dans une conférence de stress, ce 13 avril, à la Bourse du travail à Kaloum, les centrales syndicales CNTG-USTG sont une nouvelle fois revenues sur la crève qui secoué le bled en février dernier. Abou Soumah, le ‘’rebelle’’ du SLECG et son groupe qui ont tenu tête à ces deux centrales ont été tancés dans pratiquement tous les laïus. Leur crime, avoir réussi à faire fléchir le goubernement, sur un certain nombre de revendications des gens-saignants, notamment les fameux 40% que ‘’Dourou’’ et ses camarades syndicaleux avaient accepté d’échelonner jusqu’en début 2019. Les patrons de ces deux centrales gardent toujours en travers de la gorge le fait que Soumah ait réussi à faire revenir le goubernement sur ce protocole d’accord et à lui faire payer immédiatement les 40%. A l’inter-centrale CNTG-USTG, on est persuadé que le groupe d’Aboubacar Soumah s’est accaparé leur travail : « Le décret du statut particulier de l’éducation et de la santé a été obtenu sous le régime Conté mais sans application. En réalité nous avons reçu 80 % d’augmentation de salaire, les 40% que l’Etat a ajoutés sur la valeur indiciaire et les 40 % obtenus en octobre 2014. En plus, il y a eu la suppression de la RTS. Aucun fonctionnaire ne paie la RTS. Nous avons obtenus tous ces acquis sans bruit » déclare Mamadou Mansaré, secrétaire gênant adjoint de la CNTG. Ce syndicaleux estime qu’ils sont à la base de tous les acquis que les travailleurs ont obtenu depuis 2010 : « Nous avons fait recruter en 2017 plus de 15 mille jeunes, nous avons renégocié les pensions. Avant, la plus grosse pension était de 700 000 fg par trimestre, nous avions même des gens qui touchaient 20 000 fg par trimestre comme pension. Aujourd’hui nous sommes fiers de dire qu’il y a des gens qui prennent des pensions de 2 000 000 francs guinéens par mois. Nous n’allons pas faire du populisme, nous demandons toujours ce que l’Etat peut supporter. Même si aujourd’hui nous entendons beaucoup de contrevérités. Certains ont même dit que c’est le groupe d’Aboubacar Soumah qui a décroché les 40%. C’est de la contre-vérité ».
Ces derniers jours, des rumeurs sont distillées dans la capitale Con-cris concernant une éventuelle augmentation du prix du carburant et de certaines denrées de première nécessité. L’inter-centrale s’oppose, elle renvoie dos-à-dos l’Etat et le SLECG : « Nous avions un schéma qui permettait à tout le monde de tenir. Mais face à la pression de la rue l’Etat a cédé, c’est à lui de prendre les responsabilités. Pour nous le prix du carburant ne peut pas augmenter parce que cela va impacter sur la vie non seulement des populations mais aussi sur le pouvoir d’achat des travailleurs. Mais tous les prix des denrées de première nécessité ont grimpé. Les taxes, le logement, tout va augmenter dans ce pays. On a voulu satisfaire les désidératas d’un petit clan » explique Mamadou Mansaré.
L’ambiance risque de se tendre un peu plus dans les prochaines semaines entre le camp d’Aboubacar Soumah et celui de Souleymane Sysavané qui est toujours considéré par l’USTG comme l’homme fort du SLECG. Un congrès devrait d’ailleurs être organisé par ces derniers fin avril pour, disent-ils, renouveler les instances du SLECG et de l’USTG. Ah oui. Même si l’Etat avait déjà ‘’entériné’’ l’élection de Soumah à la tête du SLECG. Le syndicalisme n’est pas une course de vitesse, mais une course de fond disent les partisans de Sy Savané.