Les cadres en bois de la république du port autonome de Cona-cris, membres d’une commission d’enquête sur l’affaire GETMA mise en place en 2014, ont délié la langue ce jeudi 26 avril, à la Maison de la presse. Cette commission voulait « éclairer » les circonstances de la résiliation du contrat de concession du terminal à container de GETMA international-NECOTRANS. Les aigris obscurantistes qui pensent que la rupture du contrat ainsi que l’attribution du magot à Bolloré, étaient frauduleuses se trompent, dit Mohamed La-mine-serré Faux-fana, chef de cette commission. « Tout s’est fait dans les règles ».

Selon les explications d’André Ca-marrant, rapporteur de la commission d’enquête, trois entreprises avaient soumissionné : GETMA, Bolloré et MAERSK. Il s’est avéré, après investigation que GETMA « a menti sur son expérience pour être éligible. Premier raté. Ensuite, pendant l’évaluation des offres, il y a le pli technique (capacité technique) et le pli financier (capacité financière). Là encore, Getma « a dit avoir glissé les preuves de sa capacité financière par inadvertance dans le pli technique, alors que cela devait figurer dans le pli financier. Deuxième gaffe. Malgré tout cela, la commission d’évaluation a accepté que Getma passe à la troisième phase alors qu’il n’a pas été évalué sur la capacité financière comme les deux autres, alors qu’ils devaient être évalué en même temps. Lors de la dernière phase, celle des négociations, Getma a gagné, alors qu’il ne devait même pas accéder à la deuxième phase. Ils avaient déjà menti sur la première phase ». Et avant la signature, Getma aurait introduit des clauses pour empêcher la Guinée, au cas où il y aurait des manquements, de juger l’affaire en Guinée, mais plutôt à l’OHADA, dit le André. Même que tous ceux qui voulaient s’opposer à ces clauses ont été écartés.

Hésitations

A la signature, la direction générale du port a estimé qu’il y a eu des manquements dès le début, et a sollicité l’intervention d’un cabinet indépendant. FFA a été retenu et lui aussi explique qu’il y a des zones d’ombres, notamment au niveau de la résiliation du contrat. « Là, GETMA a payé un ticket d’entrée, mais que s’il la Guinée devait résilier le contrat, elle doit rembourser d’abord le ticket d’entrée et le majorer avant toute résiliation ». Il y a eu des tractations et décision a été prise de suspendre la signature du contrat. Entre-temps, le président Conté est décédé. Le Chaud-NDD arrive et suspend la signature. Une commission est mise en place pour signer un avenant pour corriger les erreurs par le biais de Me Alfred Mathos, agent judiciaire de l’Etat à l’époque. La signature survient le 22 mars 2011. Pendant que cela se faisait, dit André Camara, il y a des interventions et la suspension est levée sur réserve. Une commission de suivi, mise en place dans la foulée,  n’a jamais fonctionné. A la fin de la transition, « on constate que le problème demeure toujours : ils devaient agrandir le port, moderniser les installations, rien n’avait été fait. Le gouvernement les rappelle à l’ordre. Le comité de suivi a convoqué GETMA et ils ne sont pas venu. Le CA du port de Conakry a suggéré au président de résilier le contrat. Ce qui a été fait ».

Ainsi, GETMA attaque la Guinée à l’OHADA et gagne le procès. La Guinée est condamnée à payer 368 millions d’euros. En réaction, le Prési Alpha Grimpeur met en place une commission administrative pour enquêter sur l’affaire et engage des cabinets pour la riposte. La commission a décelé que lors de l’attribution du marché, il y a eu beaucoup de manquements et des forts soupçons de corruption. Seulement, André Camara ne veut pas donner de noms, pour lui, les concernés se reconnaitront. Deux choses : soit vous les protégez, soit vous êtes complice, lui ont rétorqué les journaleux dans la salle.

Le pain béni

Pour éviter un second appel d’offre, selon André Camara, une habitude administrative veut que le deuxième larron s’approprie le marché. C’est ainsi que Bolloré a été retenu. A entendre les membres de cette commission, la coïncidence (arrivée au pouvoir du Grimpeur et obtention du port par Bolloré) est un pur hasard. Même si les choses sont allées un peu vite. Une belle histoire, que nombre de Guinéens ont du mal à croire. La justice française aussi, qui cherche à établir si Bolloré a financé la campagne du candidat Alpha Condé dans le but d’obtenir la gestion du terminal à conteneur. Alpha Ibou Keira, sinistre conseillé à la Présidence, blanchit carrément son prési. « Il n’est impliqué ni de près ni de loin dans cette affaire ». Ce que Ibou Keira ne sait pas, c’est que le Grimpeur n’a pas besoin de sa défense et ne cache pas son implication. Il l’a clairement dit au confrère Le Monde, « Bolloré est un ami, j’ai donné à un ami. Et alors ? » Ibou dit ne pas avoir de commentaire. Si seulement il pouvait !