Après l’annonce de l’augmentation du prix du litre à la pompe, les syndicaleux se sont réunis d’urgence, ce lundi 2 juillet à la bourse du travail pour râler. L’Amadoué de la CNTG, Luis-MBemba Soumah de l’USTG, entourés de tous les autres acteurs sociaux : éducation, société civile, médias etc… Tous exigent le rétablissement du prix à 8 000. Sinon, c’est la grève dans 72 heures. Trois jours ? La base conteste et réclame la grève aujourd’hui même, désavouant l’Amadoué Diallo qui a fini par se remettre à la sagesse de ses sujets. Il a promis de rendre compte au Prési Alpha Grimpeur et le patronat, de la décision de la base. Puis de préciser : « Nous ne sommes pas d’accord. Nous sommes prêts à négocier, mais il faut que le prix revienne d’abord à 8 000. L’augmentation du prix a été une décision unilatérale, le syndicat n’a pas été associé, le patronat non plus, alors que c’est le tripartisme qui prévaut sur l’arène internationale ».
En votre nom, « nous demanderons au gouvernement et patronat, vu que c’est une décision unilatérale, que le prix revienne à 8 000 pour reprendre les négociations. Lorsque cela va être fait, conformément à l’accord du 16 février 2016, nous allons revenir autour de la table pour examiner les raisons évoquées pour augmenter. En toute responsabilité ».
Les désavoués
Devant les travailleurs, l’Amadoué Diallo a dit avoir reçu un appel du grand manitou, Alpha Grimpeur. Dans les échanges, l’Amadoué lui a fait le compte-rendu de ce qui s’est passé lors de la négociation jeudi avec le Premier ministre. « Nous l’avons dit que Kassory a dit que le prix du carburant n’est pas à négocier. Il a tout de suite réagi, négativement. Le président a dit qu’il n’est pas d’accord avec le PM, lui-même n’a jamais dit que ce n’est pas négociable. Il nous a chargé de rencontrer le patronat et lui rendre compte, c’est une info de dernière minute ».
Si le prési Grimpeur a désavoué son premier ministre, aux dires de l’Amadoué Diallo, lui non-plus n’a pas été épargné par sa base après la prise de parole de Luis-Bemba Soumah, qui a clairement dit que le « gouvernement est têtu et il faut que le syndicat soit uni et solidaire. « Il faut que nous prenions des dispositions, le fait de parler, le gouvernement va écouter, mais il ne respectera pas. Pour les contraindre, il faut que nous prenions des dispositions, donc nous vous écoutons ». La base répond : La grève, la grève, la grève, la grève. Luis MBémba répond : « chers camarades, nous avons entendu ».
L’Amadoué saisit la balle au bond : « nous allons traduire votre message. Mais pour nous permettre de se concerter, nous allons donner au gouvernement un délai de 72 heures ». La base le remet illico à sa place « Non, non, tout de suite, tout de suite, tout de suite ». Les travailleurs ne veulent pas entendre parler de délai, la grève doit être imminente. Ses interminables « s’il vous plait » n’y feront rien. Impuissant face aux cris, il cède : « Ok, on est d’accord. C’est maintenant ». Seulement, il n’a pas prononcé le mot grève.
Mamadou Mansaré, prési de la commission négociation et porte-parole de l’inter-centrale tente de raisonner les travailleurs : « écoutez très bien, écoutez svp, camarades écoutez très bien, camarades suivez nous très bien. Si on dit 72 heures, c’est pour le respect de la loi ».
Les travailleurs se déchainent encore plus : « Kassory zéro, Kassory zéro, on va mourir tous, on n’est pas d’accord ». Au sortir de la rencontre qui s’est terminée en queue-de-poisson entre secrétaires généraux et travailleurs, le Mansaré a nuancé : « Les travailleurs ont demandé que le prix du carburant soit ramené aujourd’hui à 8 000. Si cela n’est pas fait, on va déclencher ce que la loi nous confère ». Lui aussi n’a pas employé le mot grève. Les travailleurs, eux, ne passent pas par quatre chemins : « On s’en fout du premier ministre, c’est tout de suite la grève. Tout de suite, tout de suite. A bas le premier ministre, on s’en fout. Il n’y a pas de 72 heures à attendre, c’est tout de suite ».
Un autre de conclure : « Le gouvernement dit que même la Banque centrale ne peut pas garantir le pays. D’habitude on négocie, syndicat des transporteurs, patronat, gouvernement, et les autres corps, on négocie. Si Kassory décide seul, on est déçu. On déclenche la grève tout de suite, à la minute même. Il n’y a pas 72 heures là-bas, on appelle dans toutes les gares routières pour leur dire de fermer ».
En attendant la réaction du gouvernement à cette grève spontanée, où les leaders syndicaux ont été dépassé par la base, l’axe de la démocratie s’embrase, l’autoroute aussi, bloquée par endroits. En attendant, un avis de grève, qui lance la fronde dans 48 heures si le prix du carburant n’est pas ramené à 8000, a été déposé.