La Journée internationale de droits de la femme est consacrée à la lutte contre les inégalités et les violences faites aux femmes. En Espagne, elles ont déclenché une grève générale qui s’est traduite par des perturbations dans les transports et l’absence des présentatrices-vedettes dans les médias. En Iraq, environ 300 femmes ont participé à un “marathon” symbolique de 900 mètres sur une avenue de Mossoul, certaines brandissaient des pancartes rappelant les dures réalités subies par les irakiennes : “Assez du mariage des mineures “, “Brise ton silence et dis ‘non’!”. En Pologne, les femmes ont manifesté dans une quarantaine de villes du pays pour dénoncer un projet d’interdiction de l’avortement. En Turquie, plusieurs milliers de femmes ont défilé sous haute surveillance policière sur l’avenue Istiklal à Istanbul pour réclamer plus de “liberté” et la “fin du patriarcat”. Au Kosovo, trois grands panneaux publicitaires rouges (Panneaux de la vengeance) ont été érigés par les femmes devant le QG de la police à Pristina : “Encore combien d’appels manqués ?” interroge un panneau, en référence aux femmes assassinées par leur conjoint après avoir dénoncé leurs violences. Les deux autres portent les noms de Diana Kastrati et Zejnepe Bytyqi, assassinées respectivement en 2011 et 2015 par leurs conjoints dont elles avaient dénoncé les violences auprès des autorités.

Aux Etats-Unis, Le New York Times a réparé une injustice en publiant la nécrologie de quinze femmes célèbres qu’il n’avait pas pris la peine de diffuser à leur décès. La romancière britannique Charlotte Brontë (1855), la poétesse américaine Sylvia Plath (1963), devenue une icône du féminisme, ou encore la photographe Diane Arbus (1971). En France, le quotidien français Libération a été vendu 25% plus cher aux hommes qu’aux femmes jeudi, pour symboliser l’écart salarial entre les sexes, qui est également de 25% en moyenne dans le pays.

Récupération

En Guinée, le régime a mué la Journée en fête des femmes. L’idée de fête en lieu et place de Journée est repris consciemment ou inconsciemment par nombre d’entités. Malgré les mises en garde de la société civile (Ballai citoyen et Forces sociales, notamment) contre toute récupération, pouvoir et opposition ont chacun tenté de tirer profit. Un groupe de femmes a brandi des pancartes sur lesquelles on a lu ‘’Oui à la nouvelle constitution, ou à la révision constitutionnelle, oui au referendum’’. De l’autre côté, d’autres femmes ont également brandit leurs pancartes et banderoles sur lesquelles on a lu : ‘’Pr Alpha Condé, merci pour tout. Mais 2020 c’est bon’’, ‘’Nous femmes de Guinée disons merci au Pr Alpha Condé, mais deux mandats c’est bon’’, ‘’Non au 3è mandat’’. La toile s’enflamme. Parmi la vague de réactions, il y a celle de Aliou Bah du parti MoDel. « Que personne ne soit distrait par ces images de manipulation d’une autre époque. C’est du déjà vu et ça ne changera point la position du peuple conscient et ambitieux de Guinée sur le départ d’Alpha Condé au terme de son deuxième et dernier mandat en 2020. Si Alpha Condé a le courage politique, qu’il se déclare ouvertement au lieu de se cacher derrière des combines en utilisant la naïveté et la misère de quelques personnes que sa gouvernance a rendue vulnérables. Quels que soient les noms (modification ou nouvelle constitution) qu’ils vont donner à leur démarche anti républicaine, nous ouvrirons TOUTES les options pour son départ s’il décide d’aller au-delà de 2020. Celui qui viole son serment ne mérite pas un départ honorable du pouvoir ».

A la fin de la ‘’fête’’, des femmes ont été photographiés en train d’émarger après avoir reçu un montant. Vive la République !