A compter de ce jeudi 1er août, le litre de carburant est vendu à 10 000 Gnf. Une hausse de 500 francs guinéens. En d’autres termes, le gouvernement récupère ses 500 francs, diminués en décembre 2018. Six mois avant cette “baisse” le gouvernement avait unilatéralement augmenté le prix du carburant de 2 000 francs (25%) d’un seul coup, passant de 8 000 à 10 000 francs guinéens. Selon le ministre des Hydrocarbures, Zak Koulibaly, c’est la conséquence de l’augmentation du prix à l’international : « A chaque fois que le coût augmente à l’international, cela se répercute en Guinée. Les raisons sont les crises iranienne, libyenne et vénézuélienne. Normalement le gouvernement, à l’image des pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, aurait pu augmenter depuis le mois de mai. Mais en Guinée on s’est trouvé chaque fois un juste milieu entre le social et l’économie. Parce que il s’est trouvé qu’au mois de mai c’était le Ramadan et juste après, c’était les examens nationaux ».

Si comparaison n’est pas raison, le ministre s’amuse à la faire tout de même. Alors, comparons : au mali, Sénégal et en Côte d’Ivoire, le SMIG, salaire minimum interprofessionnel garantit dépasse celui de la Guinée. Il est de 440 000 francs guinéens en Guinée, donc moins de 30 000 CFA alors qu’il est de 40 000 CFA soit environ 650 000 francs guinéens au Mali depuis janvier 2016. Dans ce pays, le litre d’essence est vendu à 715 Fcfa, soit environ 11 000 Gnf.
Au Sénégal, si le prix du litre est de 666 Fcfa, (environs 10 500 Gnf) le SMIG est de 55 000 francs CFA depuis janvier 2019. Et en Côte d’Ivoire, le litre est vendu à 610 Cfa (environs 9 500 Gnf), et le SMIG est de 60 000 CFA (soit 950 000 Gnf environs).  

En octobre 2018, le prix du baril a atteint un prix record de 78 dollars, mais il a chuté de 46% (42 dollars) deux mois plus tard. Le gouvernement, dans sa démarche de répercuter les fluctuations des prix sur le litre à la pompe, a grassement diminué le prix. De 500 francs guinéens. Soit 5% seulement. Un paradoxe quand on se rappelle qu’il avait unilatéralement augmenté le prix de 25% en juillet 2018, passant de 8 000 à 10 000 francs guinéens pendant que le prix du baril était de 50 dollars.

Le prix du baril est reparti en hausse, allant jusqu’à à 66 dollars en avril dernier. Cependant il a chuté jusqu’à 50 dollars en juin dernier avant de repartir encore à la hausse pour s’établir autour de 60 dollars le mois dernier. Le prix du baril est de 56 dollars en ce début du mois d’août. Ce qui laisse croire que l’augmentation du prix du carburant n’obéit pas en tout cas, à la fluctuation. Dans les accords qu’il a signés avec les syndicats, il est prévu de consulter le patronat, le syndicat et les travailleurs avant toute augmentation ou diminution. Le gouvernement s’en balance de cette entente et augmente le prix unilatéralement.

Oumar Tély Diallo