Cette catastrophe humanitaire sévit depuis plusieurs mois, d’un bout à l’autre de l’Afrique. Dommage, pas un Africain ne lève le petit doigt. Pire, aucun chef d’Etat ne pipe mot. Peut-être ne se sent-on pas concerné, on a nos trois repas quotidiens, certes, maigres, pauvres. Sagesse du dicton : « Si la case du voisin brûle, va de ton seau d’eau ». Pour la FAO, la crise est loin de se limiter à ces quatre foyers, toute la bande sahélienne est menacée, du Mali à l’Ethiopie. Tous ces pays ont un dénominateur commun : la pauvreté, s’y ajoutent, les conflits armés et les incursions de sectes islamiques.

Selon un communiqué de l’organisation humanitaire « Action Contre la Faim », les enfants sont extrêmement vulnérables, nombre d’entre eux n’atteindront pas leur cinquième anniversaire. « Ils ont un besoin urgent de traitement. Notre priorité immédiate est de sauver des vies. Mais les besoins sont immenses et dans de nombreux domaines, nous sommes parvenus à un point de non-retour. Ces crises devraient aller en empirant au cours des six prochains mois, à moins qu’une intervention majeure ne soit organisée. » Une alerte qui laisse les Africains indifférents. Les Occidentaux s’en préoccupent du bout des lèvres. On annonce que la communauté internationale s’apprête à envoyer des dons. Un prêt d’urgence de 20 millions d’euros a été alloué pour la Somalie par l’ONU. Mais cette somme ne suffit pas. Les Nations Unies réclament quatre milliards d’euros d’ici à juillet pour faire face à la faim. Le Canada a donné 120 millions de dollars en attendant. Plus touchant et émouvant c’est cette vidéo publiée sur Twitter de cette députée suédoise avec son bébé dans les bras au Parlement européen qui a lancé un appel contre la famine dans le monde. «A travers mes enfants, je vois les enfants du monde entier. Ce soir, quand je mettrai mon enfant au lit en sécurité je saurai que, dans d’autres régions du monde, des mères n’ont pas la même garantie que leurs enfants s’endorment sans avoir faim. Nous, les Européens, devons être bien plus solidaires avec les enfants souffrant de famine. » Elle n’est pas africaine, elle ne risque pas la famine, mais elle s’est sentie interpellée par ce que vivent d’autres personnes sous d’autres cieux. «Ce n’est pas acceptable que des populations meurent de faim quand nous avons toutes les informations nécessaires. Ce n’est pas acceptable que le monde entier ferme les yeux. »

Que font les Etats africains pour venir en aide aux pays touchés par cette catastrophe humanitaire ? Où sont la solidarité et la confraternité africaines ? Bien déplorable, jusque-là, ni l’Union africaine, ni les organisations sous régionales, encore moins les Etats d’Afrique ne se sont fendus d’une déclaration de solidarité ou d’un SOS. Alors que même une visite symbolique dans un camp de réfugié ou une zone touchée par la famine pourrait réconforter les victimes. Quand pour une investiture d’un de ces présidents véreux la mobilisation serait grandiose. Tous seraient enchantés du voyage et des retrouvailles pour célébrer les voix des urnes accordées par ces peuples affamés et qui se meurent de leur belle mort. Voilà le président en exercice de l’Union Africaine qui demande à ses pairs de « couper le cordon ombilical avec la France ». Lui qui aime voyager, le fervent diplomate, le nouveau médiateur, le soi-disant panafricaniste, qu’attend-t-il, en « Président de l’Afrique », pour arrêter la folie meurtrière au Soudan du Sud? Le dernier né des Etats africains, doit mériter l’attention de ses grands frères sexagénaires. Malheureusement, ces derniers assistent en spectateurs au déchirement de ce pays : depuis trois ans villages pillés, femmes violées, agriculture paralysée. Paradoxe : le gouvernement de Juba utilise ses maigres ressources à s’armer « pour tuer » au lieu de  porter secours à sa population qui meurt de faim. Africains, indignez-vous!