Selon l’étude, Ebola a affecté tous les secteurs économiques du pays, avec des ampleurs plus ou moins différentes. Les projections de croissance économique ont chuté. Au lieu 4,5% le pays n’a enregistré que 1,1% pour l’année 2014. Certains pensent d’ailleurs que ce chiffre est gonflé. L’étude fait cas d’une contraction des investissements due à des reports ou suspensions de 27 grands projets d’investissements publics dont le coût total représente 9,8% du PIB en 2014. Le taux de croissance des investissements privés a baissé de 6,3 points de pourcentage pour s’établir à 1,1%. Quant aux investissements directs étrangers, ils ont reculé de 77 % par rapport à 2013. Les producteurs ont vu leurs prix chuter, à cause de l’arrêt des exportations de certains produits. Même que les exportations vers les pays limitrophes ont baissé de 40% par rapport à l’année pré Ebola. Quid des perspectives d’emploi ? Elles ont été fortement freinées en 2015, notamment dans les secteurs de l’industrie, du tourisme et l’hôtellerie, des BTP et des Mines. L’étude enseigne que le secteur tertiaire a été le plus affecté : son taux de croissance attendu à 3,7% a bouclé au négatif (-1,1%). Quant à l’impact de l’épidémie sur le secteur primaire, il s’estime à une baisse de 2,1 %.
Les dépenses grimpent
Lorsqu’on ne produit pas, on dépense plus. En 2014, pendant que tout freinait les dépenses de l’Etat augmentait 15,1% par rapport à 2013. Ce qui a provoqué un déficit budgétaire hors don estimé à 6,6% du PIB. Pour combler la baisse des recettes évaluée à plus de 300 milliards de francs guinéens, l’Etat était obligé d’augmenter de 11,7% ses engagements auprès des banques primaires et de 17,5% auprès de la BCRG.
Ebola, banques, assurances, micro finances
Dans le secteur bancaire, les dépôts en francs guinéens se sont accrus de 25,4% par rapport à fin décembre 2013. Au même moment les dépôts en devises ont chuté de 16%. Près de 260 milliards de francs guinéens de crédits ne sont pas remboursés et 4,3% de l’encours des crédits sont restructurés par les banques. Dans les Institutions de micro finance, les défauts de remboursement sont de l’ordre de 6,9 milliards de francs guinéens, tandis que les crédits restructurés se chiffrent à 2,6 milliards francs guinéens.
L’aide extérieure permettait tout de même à la BCRG d’augmenter ses avoirs extérieurs de 9,4%, de sorte que les réserves internationales nettes ont enregistré une hausse de 4,8%. La perfusion, quoi ! De même, tout comme sur les prix à la consommation, l’épidémie n’a pas eu d’effet très significatif sur les taux de base bancaire qui sont restés quasi stables, a expliqué le banquier. Aussi, la détérioration des coefficients de liquidité des banques et de l’accroissement des créances compromises n’ont pas affecté les produits nets bancaires et le PNB consolidé s’est accru de 11,2% sur la période.
La désolation était constatée dans les Assurances où le total des primes d’assurance a baissé de 12,7% sur les trois derniers trimestres de 2014 par rapport à l’année précédente. Quant aux arriérées de paiement dues à l’épidémie, elles se sont accrues de 53,1 milliards. La valeur des contrats d’assurance résiliés ou reportés s’est chiffrée à 469 millions.
Dans les micros finances, l’encours des crédits à jour a augmenté de 20,2%, malgré l’augmentation des crédits en souffrance. Ce qui a contribué à améliorer leurs portefeuilles. La Banque centrale a eu 43,6 milliards d’investissements physiques non réalisés à cause d’Ebola, les banques de dépôt 7 milliards et les compagnies d’assurance, 55,3 milliards. Dans leur fonctionnement, 47 missions de contrôles ont été annulées dont, 4 pour la Banque Centrale, 31 pour les banques, 2 pour les assurances et 10 pour les Institutions de Micro-finance.
Les recommandations
Les recommandations portent sur l’amélioration du système de santé mais aussi sur la poursuite de mesures visant à relancer l’économie du pays. A la Banque Centrale de poursuivre sa politique de reconstitution des réserves internationales de change. Egalement, le principe de financement sur base caisse doit être surveillé dans l’exécution budgétaire pour éviter de perdre les acquis en matière de stabilité des prix. Au gouvernement d’adopter une politique spéciale de relance économique, notamment en faveur des secteurs les plus affectés par l’épidémie et de renforcer ses efforts de mobilisation des recettes fiscales par l’identification de nouvelles ressources comme les financements innovants.
Th Hassane Diallo