Objectif ? Faire un plaidoyer auprès de l’Etat guinéen pour l’amener à faire voter une loi déclarant la traite négrière et l’esclavage crimes contre l’humanité. Etudiants de plusieurs universités et des cadres guinéens étaient invités. Karfa Sira Diallo, fondateur de l’association internationale Mémoires et Partage a fustigé l’article 44 du Code noir de France de 1685, comme celui d’Angleterre, Portugal, Hollande, Espagne définissant l’esclave comme un bien meuble, une marchandise. « Parti du Portugal au 16è siècle, l’esclavage et la traite des noirs continueront jusqu’au 19 siècle. Cela ne doit pas dissimuler la traite négrière orientale. Des centaines de milliers de caravanes ont sillonné le Sahara du 8è au 20è siècle avec des cargaisons humaines destinées aux Palais. Une exploitation effroyable de millions d’Africains. Ces deux formes de traite ont en commun l’exploitation du noir. Il faut réconcilier tous les peuples avec l’éternelle justice, l’universelle justice. Mais elle n’est possible que par une mémoire vivante ».

Un lourd bilan

Cette tragédie des noirs aura fait 15 millions de déportées, plus de 35 millions victimes de l’esclavage et de la traite. Ce qui mérite d’être reconnu comme crimes contre l’humanité, exhorte Karfa Diallo. En Guinée, le prési de Mémoire et Partage compte sur le prési Alpha Grimpeur. « Si on s’en tien à sa déclaration faite à Abidjan, on sent qu’il est conscient des enjeux qu’il y a autour de cette histoire pour avoir vécu à la diaspora ». A la société civile guinéenne, Karfa demande de saisir l’occasion pour que cette barbarie soit criminalisée comme dans d’autres pays. À l’instar du Sénégal qui l’a fait déjà, en 2011, sous le règne de Wade Coco taillé et qui chaque 27 avril, commémore le souvenir de la traite des noirs et l’esclavage. Le Bénin est aussi sur le point de voter la loi. En 2001, la France a voté la loi criminalisant la traite des noirs et l’esclavage, fruit du combat de Christian Taubira. «La mémoire est ce qui nous porte, ce qui nous permet de réaffirmer la dignité africaine. Prenons notre mémoire au sérieux ».

Martin Mourre, chercheur, a rappelé que c’est en 1794 il y a eu la première abolition de l’esclavage suite à la révolte Haïtienne. Elle sera rétablie en 1802 par Napoléon. En 1848, Winston Churchill décide d’abolir « non pas la traite, mais l’esclavage dans l’empire français aux Antilles. La mesure sera suivie aux Antilles, Martinique, Guadeloupe, la Réunion et assez peu en Afrique ». Pour voir le bout du tunnel, l’Afrique de l’Ouest attendra l’an 1905. Quand l’esclavage a été aboli en France, « les esclavagistes ont exigé d’être indemnisés pour avoir perdu leur business». Plus choquant pour Karfa Diallo, Haïti, première république noire après une révolte en 1848 a payé 90 millions de francs-or à la France pour recouvrer sa liberté.

Patrimoine peu valorisé

Aboubacar Sidiki Condé, Directeur national du patrimoine historique invite les universités à développer la recherche en histoire et demande vulgarisation de la théocratie qui a bien fonctionné au Foutah avant la colonisation puis la Charte de Kouroukanfouga, véritable mémoires de la Guinée. Chérif Bah, écrivain, a précisé que la Théocratie faisait la promotion de l’alternance, et que certains articles de la Charte de Kouroukanfouga sont repris dans la déclaration universelle des droits de l’Homme, notamment l’égalité et la promotion des femmes. Hadja Kadé Seck, Directrice du musée nationale invite également à enseigner l’histoire des peuples africains avant l’arrivée des blancs et des arabes.